mardi 16 avril 2024

NINNA PALMADOTTIR PRESENTE LE VIEIL HOMME ET L ENFANT

SOLITUDE de NINNA PALMADOTTIR
LE VIEIL HOMME ET L'ENFANT
 
Le titre islandais résume bien cette impression que Gunnar exprime avec peu de mots et son visage en dit bien plus long.
 
Ari, le jeune garçon, avec son côté ingénu, innocent et non dépourvu d'humour va obliger Gunnar lui forcer la porte de sa maison et toucher son coeur.

Il est question de divorce, de migrants, de politique, de la difficulté de vivre à la campagne ou en ville, d'être déraciné, de se résigner, dans ce film qui n'est pas aussi simple qu'il n'y parait.

Ces deux solitudes et ces deux innocences se rejoignent, Ninna Palmadottir ne donne pas de réponse mais tout est compris avec peu de mots.
 
Des paysages de cette nature islandaise, ou les éléments conditionnent la vie sur l'ïle, à la musique qui accompagne les émotions de Gunnar, tout fait penser que ce premier film a tout d'un bijou, comme l'a si bien dit une spectatrice.

Il a touché le coeur des spectateurs et Ninna Palmadottir a promis qu'elle reviendrait, avec son nouveau projet.
 
Nous l'attendons avec impatience!

 
 
 
 

 

mardi 9 avril 2024

NICOLAS PABAN VU PAR JACQUES BRACHET

 

Lumières du Sud : Nicolas PABAN
De Toulon à Toulon




« La rivière des Amoureux » est une histoire, enfin, une histoire, un document un peu fiction, une fiction un peu documentaire, en fait, un OVNI difficile à identifier justement mais qui a ces qualités d’être à la fois, surréaliste, poétique, un peu déjanté mais surtout plein d’humanité. Et il fallait tout cela pour qu’un film dans un quartier toulonnais pas vraiment glamour, devienne par la caméra magique de Nicolas Paban, Toulonnais vrai de vrai, un film qui surprend, qui fait rire, qui émeut, qui enchante.
Quelle belle idée Pascale Parodi, directrice de l’association « Lumières du Sud », d’avoir réinvité Nicolas car nous l’avons déjà rencontré et à chaque fois c’est une heureuse surprise.
Bien évidemment, comme chaque spectacle scolaire de fin d’année, nombre de participants et de leur famille avaient rempli le théâtre Daudet !





« Nicolas, Toulonnais pur jus !
Oui, j’y suis né et j’y ai toujours vécu.
Le cinéma est arrivé comment dans ta vie ?
Depuis aussi longtemps que je me souvienne… Tout petit j’étais déjà fasciné par les caméras, j’ai toujours adoré aller au cinéma. Je m’y suis mis un peu tard, à un moment de ma vie où je me suis dit que si j’avais envie de faire du cinéma… Je n’avais qu’à en faire !
J’ai commencé avec mes propres moyens et avec peu de connaissances au départ et j’ai appris peu à peu, sur le tas.
Tu as fait une école ?
Non et je n’ai jamais quitté Toulon, je n’ai pas fait d’école, j’ai fait du cinéma tout à fait en autodidacte. Film après film, j’ai appris de mes erreurs, j’ai continué à écrire, à tourner, peu à peu mes films ont été pris dans des festivals, j’ai commencé à avoir des prix et je n’ai jamais arrêté, pour mon propre plaisir.
Tu en es à combien de courts-métrages ?
C’est difficile de les compter, j’en ai fait beaucoup, plus d’une vingtaine je pense.
Alors, comment te débrouilles-tu pour trouver des techniciens, des comédiens et bien sûr, de l’argent ?
Tout dépend du film, là, en l’occurrence pour « La rivière des amoureux », c’est un lieu culturel « Le Volatil » qui m’a proposé de faire un film sur le quartier dans lequel ils sont, c’est donc une demande particulière, sinon, à chaque fois que je fais un film, je monte une équipe, que ce soit pour les techniciens ou les comédiens. Ce ne sont pas toujours les mêmes personnes, tout dépend de la disponibilité des gens, du hasard de mes rencontres aussi…
Mais il n’y en a pas pléthore sur Toulon ?
Détrompes-toi ! Il y a des tas de techniciens professionnels et amateurs qui ont envie de faire des films…

Il y a beaucoup de compagnies théâtrales et de comédiens amateurs, c’est là que tu vas les chercher ?
Eh bien non, ce sont souvent des gens de mon entourage. Moi-même je faisais partie d’une compagnie de théâtre, « Toutim » qui n’existe plus mais j’avais autour de moi des gens qui étaient comédiens et c’était facile pour moi d’en trouver. D’ailleurs ce sont souvent les comédiens eux-mêmes qui m’inspirent des personnages…
Ce qui implique que tu écris les scénarios ?
Oui, la plupart du temps mais je peux aussi parfois les coécrire, Ça m’est arrivé d’écrire à deux et même une fois à trois.
Ce doit être un peu compliqué, non ?
Oui, parfois mais à deux ça marche bien. Il faut seulement bien s’entendre et avoir un peu le même univers. Notamment avec Guillaume Levil , qui est venu à « Lumières du Sud » et que tu as interviewé d’ailleurs, et avec qui j’ai écrit plusieurs scénarios.
Il est Niçois. Comment l’as-tu connu ?
Dans un festival. Les festivals sont des lieux très importants pour nous car on y fait beaucoup de rencontres. On s’est donc croisé plusieurs fois, chacun aimait ce que faisait l’autre et l’on est devenu amis. On se voit de temps en temps, on s’appelle, on fait des allers-retours par mails… On fait du ping-pong ! On écrit ensemble, il n’y a pas de règle, ça dépend du désir, de l’idée de l’un ou de l’autre, on s’adapte, chacun y apporte sa patte.
As-tu pensé à faire un long-métrage ?
Oui, bien sûr. J’ai des idées, je suis justement en train de coécrire un long-métrage mais on ne peut pas l’autofinancer, il faut beaucoup de temps pour tout : trouver de l’argent, donc, passer par le cursus normal et ça demande un sacré boulot, il faut faire des dossiers, des notes d’intention, plein d’autres choses… Alors je joue le jeu mais pendant ce temps je ne fais pas de films. Tout est très chronophage mais bon, j’aime ça, donc je dois passer par là. Pour l’instant, je suis dans une bonne dynamique, donc, je fonce.





Revenons à « La rivière des amoureux »
« Le Volatil » est un collectif auquel j’appartiens. Il s’y fait tous les ans un festival de musique, danse, théâtre. Je me suis investi et Romain Berthier, qui en est le directeur artistique, m’a proposé de faire un film avec les gens du quartier Aguillon. J’aime bien ce genre de défi. On a déposé des prospectus dans les boîtes aux lettres expliquant ce qu’on voulait faire et qu’on recherchait des participants pour aider au tournage. On a eu une trentaine de réponses, on a monté une équipe et on a réalisé le film en une semaine au début juillet. Et on a fait l’ouverture au festival « Crash et décollage » qui a lieu le dernier week-end d’août. Ça a été un long travail durant tout le mois de juillet mais la projection en plein air a été un moment magique.
Donc ce film va partir dans les festivals ?
Ça a déjà débuté par le festival itinérant « Les Nuits Med », organisé par Alix Ferrari, qui se passe entre Toulon et la Corse. Puis, il y a deux semaines, il est allé aux 42èmes rencontres de Cabestany, près de Perpignan. J’avais peur qu’en dehors de Toulon il n’intéresse pas grand monde… Et il a eu le prix du jury présidé par Bernard Menez !
Donc, ça démarre bien !
Oui, d’autant qu’un film sur un quartier de Toulon, on ne sait pas si ça va plaire ailleurs. Mais il y a un très bon retour du public, donc ça augure de belles choses.
Et maintenant… Que vas-tu faire ?
Je termine un court-métrage, une comédie noire qui s’appelle : « Autres : précisez ». Il est en cours de montage et je suis en train de chercher les financements pour un film  que j’ai coécrit et que je vais coréaliser avec Guillaume Levil. Le titre c’est « Moi » et il faut beaucoup d’argent… Enfin, l’argent qu’il faut !
Mais sans ça, il se fera quand même ! »



Une partie de l’équipe avec Nicolas et Pascale

Jacques Brachet

LUNDI 15 AVRIL SIX N ETOILES LE VIEIL HOMME ET L ENFANT DE NINNA PALMADOTTIR

 

LUNDI 15 AVRIL2024

20h30 au Six N'étoiles

 

LE VIEIL HOMME ET L ENFANT 

de Ninna Palmadottir

La rencontre fortuite de deux êtres esseulés


 

SYNOPSIS :  Gunnar, un vieil agriculteur, est exproprié de sa ferme. Il laisse tout derrière lui et part s’installer en ville où il va se lier d’affection avec un livreur de journaux de 10 ans, quelque peu délaissé par ses parents. Cette rencontre bouleversera à jamais leurs vies.

 

 

 

 

Ninna Palmadottir

 


​ Née en Islande en 1991, Ninna Palmadottir réalise un court-métrage Paper Boy en 2019 remarqué dans les festivals et en particulier au Festival international de Reykjavik.


Ce long métrage est présenté au Festival international de Toronto, ainsi qu'au Festival d' Arras.

mercredi 27 mars 2024

LUNDI 8 AVRIL THEATRE DAUDET NICOLAS PABAN PRESENTE SON DOCUMENTAIRE LA RIVIERE DES AMOUREUX

 

LUNDI 8 AVRIL 2024

19h30 au Théâtre Daudet

    Avenue De Lattre de Tassigny Six Fours 



RESERVEE AUX ADHERENTS

 

 

Nicolas Paban 

nous présente son documentaire

La rivière des Amoureux

Primé au dernier Festival de courts-métrages Image in Cabestany





Aguillon est un quartier urbain de l’est de Toulon, où habitent des «gens normaux». Il est bordé par un canal bétonné nommé «la rivière des amoureux», occupé par quelques canards. Cette rivière est l’objet d’une légende : en s’y promenant, on pourrait trouver l’amour ...

Réalisation : Nicolas Paban

Scénario : Nicolas Paban, avec la participation de Guillaume Levil

Musiques : Robert David

Avec les habitants du quartier Aguillon et la participation de :

Jean Arsac

Tosca Bertini

Monique Deshors

Thomas Astegiano

Thomas Garbo

Cédric Lerible

Katia Polles

Naïma Resplandin


 




Nicolas Paban est un réalisateur autodidacte. Considéré comme un auteur majeur de l’autoproduction par la revue l’Écran de la Fédération française du cinéma et de la vidéo, il invente pour ses films des personnages loufoques, lunaires, felliniens parfois, borderline souvent, mais toujours profondément humains. Loin des effets d’esbroufe comme des vains exercices de style, c’est la noblesse d’un certain cinéma artisanal que le cinéaste toulonnais met à l’honneur.



dimanche 17 mars 2024

CEUX QUI TRAVAILLENT D'ANTOINE RUSSBACH vu par Jean François Vilanova

 

Carte blanche : « Ceux qui travaillent » d’Antoine Russbach (2018). 

 

                                  par Jean-François Vilanova, association « Lumière du Sud »

 



     Antoine Russbach et Olivier Gourmet pour « Ceux qui travaillent » (2018)

 

Le Six N’étoiles de Six-Fours diffusait le 15 mars le film d’Antoine Russbach (Suisse-Belgique) dans le cadre de sa 10ème Carte blanche.

 

Un film d’une grande noirceur qui offre une plongée dans le monde impitoyable du commerce international à travers un personnage de monstre.

Et qui pose en filigrane une question existentielle : la rédemption est-elle possible quand un individu a commis l’irréparable ?

 

 

Portrait d’un monstre au service du fret maritime mondial…

 

Frank Blanchet (Olivier Gourmet) est cadre supérieur dans une entreprise de fret maritime. C’est un homme de responsabilité dont la vie est structurée par son travail plus que par sa famille. Il est froid, dépourvu d’humanité et d’empathie.

A la maison, il mène son petit monde manu militari – sa femme et ses cinq enfants-, a l’instar du lever matinal autour de tasses de café qu’il apporte avec Mathilde (Adèle Bochatay) sa plus jeune fille… directement dans les chambres.

 

Un événement inattendu survient lors d’une traversée. Un clandestin qui a embarqué en Afrique est soupçonné d’être porteur du virus Ebola. Quelle décision Frank Blanchet peut-il prendre ? Faire revenir le porte-conteneur ? Prendre le risque d’une quarantaine ?

La logique financière s’impose. Frank prend la décision radicale de demander que « l’on se débarrasse du clandestin » (ce sont ses termes) sans consulter sa hiérarchie.

On est saisi(s) d’effroi devant la monstruosité de la décision et l’absence de morale: un crime commandité par téléphone, une mort sur ordonnance non écrite en somme.

Dans ce tout petit monde, tout finit par se savoir et cette décision lui coûte son poste. Sa ligne de défense au service de l’entreprise n’a pas convaincu la direction. Sa vie bascule.

 

…Un monstre qui s’effondre et accède pour la première fois à son humanité…

 

Dès lors, nous assistons à l’effondrement complet du personnage de Franck Blanchet. Il se délite littéralement sous nos yeux même s’il se garde bien d’informer femme et enfants de la situation et se lève chaque matin en feignant de rejoindre son poste.

L’ art de sauver momentanément les apparences, car en parallèle Franck tente de rebondir en cherchant un nouveau poste, en faisant procéder également à un nouveau profil de compétences et en rejoignant un groupe de parole où il apprend à parler pour la première fois de lui.

On y apprend que le milieu fermier dans lequel il fut élevé traitait les enfants comme les bêtes en leur donnant des coups quand ils refusaient d’avancer.

Genèse d’un monstre, origine du mal.

 

C’est dans l’épreuve terrible du déclassement social que Frank accède pour la première fois de sa vie à son humanité. Il reconnaît l’horreur de son acte, en parle à sa femme, ses enfants l’apprennent également.

 

…Mais un monstre dont la vie n’est qu’en sursis ?

 

C’est parce qu’il se fait horreur qu’il envisage pour lui l’irréversible.

Et c’est dans ce moment extrême et parce qu’il a accédé à son humanité que sa plus jeune enfant, Mathilde, lui fait envisager différemment la situation. Mathilde, élève intelligente qui incarne la valeur travail à ses yeux, qui porte un regard acéré sur le monde et qui adore son père, lui apparaît comme une possibilité de rachat. Elle incarne la pureté qu’il reconnaît et qui pourrait la sauver.

Et c’est en toute lucidité cette fois, qu’il signe son nouveau contrat de travail après bien des hésitations. Un poste à risques dont il ne voulait pas, mais qu’il abordera sans illusion, car Frank a compris que la famille est bien sa priorité et sa planche de salut.

Pourtant rien n’est acquis et le dernier plan du film – Frank assis sur le bord du canapé – entouré pour la première fois des siens – ressemble fort à celui d’un homme au bord d’un précipice. Finira-t-il par tomber ?

 

Le premier film d’un trilogie initialement imaginée par A.Russbach

 

A l’origine, A.Russbach avait imaginé trois films reprenant la trilogie médiévale : « Ceux qui combattent » (les chevaliers donc la noblesse) , « ceux qui prient » (les religieux donc le clergé) , « ceux qui travaillent » (les paysans, les artisans).

Son objectif était de passer cette ancienne division au crible de la société contemporaine. Il n’a à ce jour réalisé que l’un des trois volets. Cela reste son unique film.

 

 

« Ceux qui travaillent » est une attaque en règle contre un certain monde du travail, le plus engagé dans la mondialisation économique et financière et qui nous nourrit au quotidien.

Ramené au parcours d’un seul individu à responsabilité, Frank Blanchet, il pose clairement la question de ce que l’on est prêt(s) à sacrifier pour une entreprise et… sa réussite professionnelle.

 

Le résultat est terrifiant.