MERCREDI 6 DECEMBRE 2023
20h30 au Six N'étoiles
AU CLEMENCEAU de Xavier Gayan
DOCUMENTAIRE
Prix du Jury des Festivals d'A côté 2022
Un film qui rend visible les invisibles avec une grande humanité.
Xavier Gayan
MERCREDI 6 DECEMBRE 2023
20h30 au Six N'étoiles
AU CLEMENCEAU de Xavier Gayan
DOCUMENTAIRE
Prix du Jury des Festivals d'A côté 2022
Un film qui rend visible les invisibles avec une grande humanité.
Xavier Gayan
LUNDI 4 DECEMBRE 2023
19h30 au Théâtre Daudet
Avenue De Lattre de Tassigny Six Fours
HOMMAGE A ROBERT GUEDIGUIAN
Avec la sortie du film "Et la vie continue!" et les échanges avec Juliette Chanaud, sa fidèle créatrice de costumes, il nous semblait intéressant de parler de la filmographie de ce réalisateur ancré à Marseille.
Petit caissier sans histoires, Christopher Cross rencontre, suite à une soirée arrosée, une jeune femme du nom de Kitty dans une rue de Greenwich Village.
Elle le prend pour un riche artiste, lui qui n'est qu'un peintre amateur, tandis qu'il tombe amoureux d'elle. Motivée par Johnny, son amant, Kitty décide alors de profiter de l'affection de Christopher afin de lui soutirer de l'argent.
Celui-ci s'endette pour lui payer un appartement, cachant cette relation à son épouse acariâtre, Adèle. Mais Kitty demande toujours plus.
Elle est, comme nombre de métiers du théâtre et du cinéma, une femme de l’ombre puisqu’elle est créatrice de costumes.
Véritable
artiste elle-même, elle habille comédiens et comédiennes mais elle a sa
manière bien à elle de le faire puisqu’elle les vêt des impressions que
lui donnent les mots, les histoires, selon leur rôle, leur
personnalité, selon l’histoire personnelle que lui inspire le
personnage. Avec la tête, avec le cœur comme l’aurait dit un chanteur
mal aimé !
Elle fut la complice de réalisateurs comme Jean-Michel
Ribes, Patrick Timsit, Jean-Luc Moreau, Didier long au théâtre… Au cinéma
avec Pierre Granier-Deferre, Robert Guédéguian, Mathieu Amalric, Bruno
Podalydès, Charlotte de Turkheim…
Et c’est grâce à la présidente de
« Lumières du sud » Pascale Parodi, que Juliette Chanaud est venue nous
parler de sa passion… Même si aujourd’hui elle est en train de passer à
autre chose.
Sa passion, elle nous l’a communiquée et j’ai passé un
moment magnifique avec cette artiste volubile qui a mille anecdotes à
raconter, ce dont les adhérents de « Lumières du Sud » ont bien
profité !
« Juliette, comment vous est venue cette passion du costume ?
J’ai d’abord travaillé dans la mode, la haute couture, le prêt-à-porter. Mais en fait, ça ne me plaisait pas du tout.
Alors, pourquoi y être allée ?
J’ai
passé un bac publicitaire, passé le concours des Beaux-Arts de Paris.
J’avais alors 18 ans et plutôt envie de faire la fête. Mais comme nous
n’avions pas beaucoup d’argent, je faisais moi-même mes robes. Mon père
qui, voyant que j’allais de moins en moins aux Beaux-Arts et de plus en
plus dans des fêtes, m’a inscrit à l’école de la Chambre de haute
couture parisienne. De ce fait, j’ai dû retourner à l’école et je suis
entrée dans ce métier que je n’avais pas réellement choisi. Mais je
pleurais tout le temps car ça ne me plaisait pas.
Et le théâtre est venu comment ?
J’ai
commencé à aider de petites troupes qui avaient peu de moyens. Grâce à
elles j’ai appris le métier. Je n’ai pas fait d’école du costume, même
si, après ça m’a manqué. Mais j’avais alors 35 ans et j’étais déjà dans
le métier.
Qu’est-ce qui vous a plu ?
Je
me suis très vite rendu compte qu’en fait la mode, c’est une industrie
et je n’étais pas faite pour ça. Ce que j’aimais, c’était les textes,
les mots et créer autour d’eux. Je pouvais alors mettre mon savoir-faire
au service de quelque chose que j’aimais. Parallèlement à mon métier de
styliste, je pouvais m’exprimer grâce aux textes, aux comédiens. Je me
sentais à ma place. Je commençais à avoir des contacts.
Un jour, il a fallu choisir… Et j’ai choisi !
Et vous avez rencontré Jean-Michel Ribes !
Oui,
c’est lui qui m’a donné ma chance professionnellement en travaillant
sur des textes. C’étaient ceux des « Brèves de comptoir » de Jean-Marie
Gouriou. J’ai fait trois spectacles avec eux et créé 130 costumes pour
six comédiens. J’ai trouvé ça très amusant d’habiller ces petites
phrases, chacun des comédiens devant se changer en trente secondes.
Comment travailliez-vous avec lui ?
En
toute liberté et avec la chance d’avoir des idées qui arrivaient malgré
moi. Je créais, j’achetais, je modifiais à ma convenance et ça
marchait. Puis j’ai travaillais sur un film de Jean Benguigui à qui
j’avais fait des costumes pour « Brèves de comptoir ». C’était « Hôtel
des Caraïbes » avec Didier Bourdon.
Et le cinéma ?
Encore grâce à Jean-Michel Ribes.
J’ai
un ami d’enfance qui est le frère de Charlotte de Turkheim. Elle m’a
proposé de travailler sur son film mais en même temps Jean-Michel me
proposait de travailler sur « Bataille », une pièce de Topor. J’ai
choisi ce dernier mais un jour, je dis à Jean-Michel : « Tu sais que
j’ai raté mon entrée au cinéma à cause de toi ? ». Il me répond alors :
« Je ne savais pas que ça t’intéressait. Je fais un film en septembre.
Fais-le ! ». Et là, c’était dingue. Le film était « Chacun pour toi »
avec Jean Yanne et Dupontel, il y avait mille figurants à habiller, on a
tourné en France, en Allemagne, en Tchécoslovaquie et partout j’amenais
des tonnes de costumes ! Pour mes débuts au cinéma, j’étais gâtée !
Mais ça a été une chance et tout a démarré.
Et il y a eu entre autre votre rencontre avec Robert Guédéguian.
Oui,
j’ai travaillé sur un film avec Ariane Ascaride et elle me racontait en
riant que son mari voulait tout faire sur ses films, même trouver les
costumes. Et elle m’a proposé de travailler avec lui. La première fois,
ça a été épique, c’était pour « Mon père est ingénieur » : Je suis allée
aux Galeries Lafayette où j’avais repéré quelques costumes. Robert me
propose de venir avec moi, ce qui était rare pour un réalisateur.
D’autant plus rare qu’il est arrivé avec Ariane, Darroussin et Meylan !
On aurait dit une maman qui venait habiller sa famille !
Comment travaillez-vous avec le réalisateur et les comédiens ?
D’abord,
je lis le scénario, puis je rencontre le réalisateur, je lui fais des
propositions, il me dit ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas et lorsque
nous sommes tombés d’accord, je rencontre les comédiens avec qui, en
général, ça se passe bien. J’ai eu quelques problèmes avec certains qui
n’aimaient mon choix ou qui ne voulaient pas essayer le costume. Mais en
général c’est sans problème.
Et Charlotte alors ?
Elle ne m’en a pas voulu et j’ai travaillé avec elle sur « Qui c’est les plus forts ? » avec Audrey Lamy.
Vos projets aujourd’hui ?
Tourner la page !
C’est-à-dire ?
J’ai
décidé d’arrêter. J’ai 65 ans et j’ai envie de faire autre chose et
peut-être de m’accorder un troisième métier. J’ai plein d’envie dont,
depuis longtemps, créer des rideaux ! (elle rit) Et puis, j’ai des
petits-enfants dont j’ai envie de m’occuper, d’autant que j’ai perdu mes
parents cette année. Par contre, ce qui est étonnant, c’est que du jour
où j’ai pris cette décision, j’ai commencé à oublier le nom des gens
avec qui j’ai travaillé !
Là, je termine deux pièces de théâtre :
« Berlin, Berlin » de Patrick Haudecoeur et « Une idée de génie » de
Sébastien Castro, deux gros succès. Après, je me dis que tout peut
s’arrêter et que j’ai envie de profiter de la vie. J’ai une maison à
Palma de Majorque où j’ai une vue éblouissante et j’ai envie de la
retrouver. Je suis d’un naturel optimiste, je suis facile à vivre et je
suis heureuse. »
Ce sera le mot de la fin… En attendant de découvrir ses rideaux !
Propos recueillis par Jacques Brachet
LUNDI 20 NOVEMBRE 2023
20h30 au Six N'étoiles
GOODBY JULIA de Mohamed Kordofani
avec Eyman Yousif, Seran Riak et Ger Duany
A la veille de la division du Soudan, Mona,
ex-chanteuse du nord du Soudan, prend soin de la jeune veuve Julia et de
son fils, originaires du sud du Soudan. Mais derrière cet acte noble se
cache une terrible vérité…
Mohamed Kordofani
LUNDI 6 NOVEMBRE 2023
19h30 au THEATRE DAUDET
Avenue De Lattre de Tassigny Six Fours
RESERVEE AUX ADHERENTS
Pour vos soirées Daudet, avec vos mets salés ou sucrés, vous
apporterez votre verre LDS. Double clin d'œil: convivialité et égard
envers la planète. Merci.
Juliette Chanaud créatrice de costumes pour le cinéma et le théâtre vient à votre rencontre
Après un diplôme de styliste modéliste en 1980, Juliette Chanaud commence une carrière de styliste pendant quelques années dans la Haute Couture en particulier chez Pierre Balmain.
Rapidement, elle va rencontrer Jean Michel Ribes, Olivier Ducastel et Robert Guediguian et sera leur costumière attitrée.
Pétillante, elle a l'œil pour imaginer le vêtement mais aussi les coiffures dans ces films.
Extraits de films et croquis.
« Italia » est un film documentaire unique en son genre, signé
Céline Gailleurd et Olivier Bohler, un couple de réalisateurs, qui
retrace la naissance du cinéma italien – muet évidemment – en 1895 à
l’arrivée du parlant en 1929.
Un cinéma alors prospère, qui a rayonné
dans le monde avant de tomber en désuétude à l’arrivée du parlant. Nos
deux réalisateurs ont fait de nombreuses recherches pour trouver ces
images rares qui ont échappé aux incendies, à la destruction, à la
guerre, aux vols.
Au départ, comme partout ailleurs, les films
étaient surtout des documentaires, historiques, de propagande, des
chroniques de guerre, des témoins d’une époque, avant qu’en 1902
naissent les premiers films de fiction, souvent tirés de romans célèbres
comme « Otello », « Roméo et Juliette », « Hamlet »… Sans voix bien
sûr, ce qui faisait dire à Pirandello qu’il haïssait le cinéma, lui
l’homme de théâtre et des mots.
Petit à petit le cinéma attira de
plus en plus de monde et naissaient alors les premières stars comme Lyda
Borelli ou Bartomoméo Pagane premier Maciste du cinéma.
Le parlant arrivant certaines stars disparurent, leur voix ne passant pas l’écran.
Ce
documentaire est un témoignage de ce que furent les premiers pas du
cinéma italien et pour accompagner ces films sans son, c’est Fanny
Ardant qui dit des textes d’auteurs comme Dali, Fellini et quelques
autres. Sa voix unique, suave, reconnaissable entre toutes, pour dire
des textes d’hommes donne à ce film une autre dimension.
Par contre, la musique paraît parfois dissonante, sinistre, intempestive.
Par
ailleurs, ce film nous fait découvrir un cinéma que l’on connaît très
peu par rapport à notre cinéma muet français ou même américain.
D’ailleurs le film est également sorti en Italie car les Italiens
eux-mêmes n’ont plus personne pour s‘en souvenir.
Le cinéma muet les intéressait peu en fait ?
Exactement.
Il n’y avait ni intérêt, ni de moyens et ce n’est que la cinémathèque
de Bologne a commencé à s’y intéresser en 1980. De plus, les copies
étaient composées de nitrate, très inflammables et explosives. Et il y a
eu beaucoup d’accidents graves. Du coup, lorsqu’on les a reproduites,
c’était en noir et blanc même si la copie était colorisée et on a
ensuite détruit les copies d’origine. Heureusement, on a trouvé beaucoup
de copies à l’étranger car ce cinéma a eu un rayonnement mondial à
l’époque. Aujourd’hui, il y a 15% de films préservés.
C’est peu ?
En
effet, ce n’est pas énorme, mais c’est pareil à peu près partout. Et
même pire dans certains pays. A l’époque, les films ont disparu pour
nombre de raisons : la destruction mais aussi les guerres, les vols, les
incendies… Donc beaucoup de films ont été perdus. D’où aujourd’hui
l’intérêt du numérique, même si ce n’est pas le top car on perd aussi
des disques durs. Mais ça permet de mieux conserver les documents.
Comment est venue Fanny Ardant à ce projet ?
Etant
producteurs de nos films, nous voulions faire celui-ci entièrement en
France, malgré le sujet car au départ il n’était pas question d’une
version italienne. On cherchait donc une actrice qui ait une voix
particulière et l’on a très vite pensé à Fanny Ardant, tout en restant
un rêve inaccessible.
Hors, devant tourner un film dans les Hautes
Alpes, nous avions choisi une maquilleuse, qui nous apprend ne pas être
libre tout de suite car elle doit travailler à Marseille… avec Fanny
Ardant ! Nous lui demandons donc de lui parler de notre projet sans
grand espoir. Mais elle a tenu sa promesse. Le premier jour du tournage,
son agent nous appelle pour nous dire qu’elle est intéressée et qu’on
lui envoie le scénario. Nous n’en revenions pas ! Mais on était en 2017
et le film devait se faire en 2021. Elle nous dit alors qu’elle
attendrait. Et effectivement lorsqu’on a été prêt, elle était toujours
d’accord. Elle a vu le film, a lu les textes et en une après-midi elle a
tout enregistré et nous a proposé de le faire pour la version
italienne.
Pourquoi choisir une comédienne pour dire des textes d’hommes à la première personne ?
Nous
avons pensé qu’avec un homme ce serait trop redondant. Et puis c’est le
cinéma italien qui a inventé la diva avant la star. Sans compter qu’on
reconnaît aussitôt la voix et la façon de parler de Fanny Ardant !
N’avez-vous pas pensé que ça risquait de troubler le spectateur ?
On
a pensé que ça pouvait le désorienter au début mais qu’il se
rattraperait en prenant le train en marche. En fait, il finit, au bout
d’un moment, de comprendre que ce sont des textes écrits par des hommes.
Il faut juste un temps d’adaptation, accepter d’entrer dans cet univers
et se laisser aller au texte et à la voix. De regarder la beauté des
choses et d’écouter la poésie des textes.
Vous avez fait d’autres films avec Céline !
Oui, on travaille presque toujours ensemble.
En
2010 nous avons fait un film sur André Labarthe qui faisait une
exposition à Paris, en même temps que deux autres expositions : Agnès
Varda et Jean-Luc Godard.
Nous avons fait un petit film sur lui puis
un sur Godard. A l’expo de Godard on s’est rendu compte qu’il ne voulait
rien garde car il fallait tout ramener en Suisse et c’était trop cher.
Il a décidé de jeter beaucoup de choses et d’en donner d’autres aux
Emmaüs. Mais donner deux enceintes surmontées d’un tire-bouchon, entre
autres, les Emmaüs n’en n’ont pas voulu… Et on a tout récupéré !
Qu’en avez-vous fait ?
On
a pensé faire un film avec tous ces objets, en ajoutant les interviewes
et ce qu’on avait déjà tourné. On a proposé le sujet à l’INA. Du coup,
on a remonté une fausse exposition, les archives nous ont donné des
extraits d’interview. C’est le portrait mélancolique de toute une
génération, de reportages, de films. Aujourd’hui tout est entreposé…
chez ma mère !
Et Agnès Varda ?
Lorsque Céline Faisait
sa thèses, elle a appris qu’Agnès Varda cherchait une assistante. Elle
s’est présentée. Agnès aimait bien que ce soit une jeune femme et de
plus elle aimait les sujets quelle abordait. Elle avait énormément
besoin d’un archivage de ses affaires, car elle était très désordonnée.
Elle préparait « Les plages d’Agnès » et elle voulait faire des
images-souvenirs avec entre autres ses photos. Céline a travaillé deux
ans avec elle. Ce n’était pas toujours facile car elle avait un sacré
tempérament. Mais tout s’est bien passé. Sauf lorsque Céline lui a
proposé d’apparaitre sur le film de Godard : « Je ne vais quand même pas
lui servir la soupe ! » lui a-t-elle répondu. Il s’est vengé car à la
fin, lorsqu’elle a voulu le voir, elle a eu une fin de non-recevoir ! »
Noémie Dumas et Pascale Parodi sont venues nous rejoindre et l’on aurait pu encore longtemps discuter tous les trois avec Olivier, homme disert, volubile, passionné si l’heure d’entrer en scène devant le public n’était arrivée. Mais entre Marseille et Aix-en-Provence, il n’y a pas loin. Et l’on se reverra pour parler de notre passion commune : le cinéma, italien ou français !
Jacques Brachet
LUNDI 16 OCTOBRE 2023
20h30 au Six N'étoiles
ITALIA LE FEU LA CENDRE
de Céline Gailleurd et Olivier Bohler
avec la voix de Fanny Ardant
SYNOPSIS : Conçu sous la forme d’un essai lyrique et onirique, ce documentaire retrace la naissance du septième art dans une Italie à peine unifiée, de ses premières images jusqu’au parlant et la chute dans le précipice du fascisme.
Céline Gailleurd
Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud », a
le chic pour nous faire découvrir des films rares et des réalisateurs
de talent. Ce qui a été encore le cas lundi dernier en invitant le jeune
réalisateur Ted Hardy-Carnac qui a déjà à son actif cinq courts
métrages et prépare son premier long métrage.
Ted a un parcours
original car, avant d’arriver au cinéma il a pris plein de chemins de
traverse, quelques risques, et aurait pu passer à côté du cinéma mais
sa passion a été la plus fort.
Ses films sont des films de fiction
qui, souvent, se passent dans un temps pas si lointain que le nôtre mais
avec un peu de décalage sur le temps réel. Des films couts mais denses
et qui ont la spécialité de laisser la porte ouverte à une suite ou du
moins, comme il aime le dire une porte pour faire rêver ou donner au
spectateur la possibilité d’inventer cette suite.
Volubile, énergique, un grand sourire derrière sa barbe rousse, quel plaisir de rencontrer un homme aussi passionné !
« Ted, parle-nous de la façon dont le cinéma est entré dans ta vie…
Le
cinéma est venu très tôt, dès l’âge de 12/13 ans. Mais alors ce n’était
qu’un hobby en tant que spectateur. J’y suis beaucoup allé avec ma
sœur, puis avec ma première copine qui m’ont fait aimer le cinéma. Nous
étions au Quartier Latin où il y avait alors beaucoup de cinémas. Nous y
étions tout le temps fourrés.
Mais ça n’a pas été une ligne droite pour y arriver.
Raconte.
Je
n’ai pas fait d’école de cinéma, je suis autodidacte. En fait, ma
passion, c’était les maths. Tu vois, on en est loin ! J’ai donc fait une
classe préparatoire en mathématiques, puis une école d’ingénieurs d’où
je suis sorti diplômé mais je me suis rendu compte qu’en tant
qu’ingénieur, on ne faisait pas beaucoup de maths fondamentales. On
faisait des choses abstraites. En fait, j’aurais dû me lancer dans la
recherche. Du coup, je me suis dirigé vers une école de commerce. J’ai
étudié trois ans.
Mais le cinéma dans tout ça ?
J’y
viens ! Lorsque j’étais à l’école d’ingénieurs, j’ai créé un club
cinéma dont j’ai été deux ans président. C’était l’association Lumière,
qui existe toujours. On créait des scénarios de manière collective.
Puis, arrivé à l’école de commerce, un club cinéma existait déjà dans
lequel il y avait une société de production qui a lancé un concours de
scénarios. Etant dans l’école, je n’avais pas le droit de faire le
concours… que j’ai quand même fait sous un pseudonyme ! Et j’ai gagné le
concours.
Comment as-tu fait alors ?
Du
coup Ils ont voulu me rencontrer. Je leur ai dit : « Hey, c’est
moi ! ». Ils m’ont répondu : « Hey, ce ne sera pas toi ! » Et j’ai été
disqualifié. Un autre sujet a été choisi et j’ai participé à la
production. Finalement, ils ont pris mon scénario pour la cession d’été
et avec l’équipe du premier j’ai réalisé le mien. Je ne connaissais rien
de la mise en scène et il a été raté… Je ne le montre à personne !
J’ai malgré tout trouvé ça incroyable et j’ai compris ce que je
voulais faire : écrire et réaliser. J’ai quitté l’école de commerce, je
suis entré dans une banque et j’ai choisi le financement de cinéma, les
demandes de crédit pour les sociétés de production. Mais je voulais
réaliser des films… et j’ai démissionné. Je me suis alors lancé dans la
réalisation d’un court métrage. Puis d’un autre, un autre…
Comment faisais-tu pour les produire ?
Je
ne connaissais personne dans le métier mais j’ai travaillé avec des
amis, ma copine qui est devenue ma femme qui a pris en main le travail
de production. Nous autofinancions tout. J’ai eu la chance que chacun
des films a eu un certain succès. Un peu plus à chaque fois et tout
s’est enchaîné.
J’ai réalisé cinq films… je ne compte pas le premier !
Puis
j’ai eu envie de réaliser un long métrage. J’ai alors postulé à la
FEMIS qui est l’Ecole Nationale Supérieure des Métiers de l’Image. J’ai
obtenu mon diplôme et j’ai écrit mon premier long métrage. J’ai trouvé
une productrice et aujourd’hui… J’en suis là !
Tu n’as fait que des courts métrages ?
Oui.
Comme je n’avais pas un rond, mais trois premiers films sont très, très
courts ! Car j’ai financé les trois premiers et j’arrivais à mobiliser
les copains sur un week-end.
Le premier m’a coûté 150€, le second
400€, le troisième 1500€, le quatrième 4500€. Peu à peu j’ai pu faire
des castings. C’est ainsi que j’ai rencontré Bastien Bouillon, César du
meilleur espoir masculin 2023 pour « La nuit du 11 » J’ai eu la chance
de présenter mes films dans des festivals, d’avoir des prix et de
pouvoir les vendre à la télé (France 3, OCS, TV5 Monde, Canal + et
passer dans circuits des salles MK2). J’ai aussi pu produire mon dernier
film « Un monde sans crise », avec Bastien.
Mes films ont fait en tout 196 festivals et j’ai même été invité à Bogota !
Et au théâtre Daudet !!!
Oui,
grâce à Pascale Parodi qui avait vu l’un de mes films, « Tunisie 2045 »
au « Festival Côté Sud » de la Seyne sur Mer. Je devais déjà venir mais
avec les grèves ça ne s’est pas fait. Et elle m’a redemandé de venir.
C’est rare d’être invité dans les festivals lorsqu’on ne fait que des
courts métrages. Je lui suis reconnaissant de son invitation et l’en
remercie.
Alors aujourd’hui, ton actualité ?
Le long !!!
a
va faire bientôt trois ans que j’y suis dessus. J’ai une productrice et
nous avons demandé l’avance sur recettes du CNC. Nous passons l’oral en
décembre pour présenter le scénario et si on l’a, ce sera la voie
royale ! Déjà, sur 2000 projets présentés, nous sommes restés dans les
12 retenus et ils vont en garder 4.
On peut en parler ?
Tous
mes scénarios sont inspirés de l’imaginaire, l’anticipation, le
fantastique, en décalage de la réalité, dans un univers naturaliste. Ce
sera une histoire d’amour qui se déroule sur trente ans.
As-tu une idée des comédiens dont tu as envie ?
Oui, il faut qu’ils soient jeunes pour qu’on puisse les vieillir au fur et à mesure.
J’ai
quelques idées. Pour les femmes : Nadia Tereszkiewicz (César du
meilleur espoir féminin 2023), Lyna Khouchi, vue dans « Les trois
mousquetaires » et Pomme, une jeune chanteuse qui se lance dans le
cinéma. Pour les hommes : B astien Bouillon évidemment, Niels Shneider
et Raphaël Quenard.
Si nous avons l’avance sur recette, il nous serait possible de tourner à l’automne 24… Sinon… Il faudra décaler ! »
Propos recueillis par Jacques Brachet
LUNDI 2 OCTOBRE 2023
19h30 au THEATRE DAUDET
Avenue De Lattre de Tassigny Six Fours
RESERVEE AUX ADHERENTS
Ted Hardy Carnac
nous présente une sélection de ses courts-métrages dont:
Un Monde sans Crise
Primé dans plus de 20 Festivals cette année
Émilie, jeune femme de trente ans aussi spontanée que maladroite, rate tous ses entretiens d'embauche les uns après les autres. Sous pression, harcelée par le propriétaire de son appartement, elle espère beaucoup du nouvel entretien qu'elle a obtenu cet après-midi-là. Mais dans un futur proche où les exigences sociales ne sont plus tout à fait les mêmes, rien ne va se passer comme prévu.