mercredi 27 mars 2024

LUNDI 8 AVRIL THEATRE DAUDET NICOLAS PABAN PRESENTE SON DOCUMENTAIRE LA RIVIERE DES AMOUREUX

 

LUNDI 8 AVRIL 2024

19h30 au Théâtre Daudet

    Avenue De Lattre de Tassigny Six Fours 



RESERVEE AUX ADHERENTS

 

 

Nicolas Paban 

nous présente son documentaire

La rivière des Amoureux

Primé au dernier Festival de courts-métrages Image in Cabestany





Aguillon est un quartier urbain de l’est de Toulon, où habitent des «gens normaux». Il est bordé par un canal bétonné nommé «la rivière des amoureux», occupé par quelques canards. Cette rivière est l’objet d’une légende : en s’y promenant, on pourrait trouver l’amour ...

Réalisation : Nicolas Paban

Scénario : Nicolas Paban, avec la participation de Guillaume Levil

Musiques : Robert David

Avec les habitants du quartier Aguillon et la participation de :

Jean Arsac

Tosca Bertini

Monique Deshors

Thomas Astegiano

Thomas Garbo

Cédric Lerible

Katia Polles

Naïma Resplandin


 




Nicolas Paban est un réalisateur autodidacte. Considéré comme un auteur majeur de l’autoproduction par la revue l’Écran de la Fédération française du cinéma et de la vidéo, il invente pour ses films des personnages loufoques, lunaires, felliniens parfois, borderline souvent, mais toujours profondément humains. Loin des effets d’esbroufe comme des vains exercices de style, c’est la noblesse d’un certain cinéma artisanal que le cinéaste toulonnais met à l’honneur.



dimanche 17 mars 2024

CEUX QUI TRAVAILLENT D'ANTOINE RUSSBACH vu par Jean François Vilanova

 

Carte blanche : « Ceux qui travaillent » d’Antoine Russbach (2018). 

 

                                  par Jean-François Vilanova, association « Lumière du Sud »

 



     Antoine Russbach et Olivier Gourmet pour « Ceux qui travaillent » (2018)

 

Le Six N’étoiles de Six-Fours diffusait le 15 mars le film d’Antoine Russbach (Suisse-Belgique) dans le cadre de sa 10ème Carte blanche.

 

Un film d’une grande noirceur qui offre une plongée dans le monde impitoyable du commerce international à travers un personnage de monstre.

Et qui pose en filigrane une question existentielle : la rédemption est-elle possible quand un individu a commis l’irréparable ?

 

 

Portrait d’un monstre au service du fret maritime mondial…

 

Frank Blanchet (Olivier Gourmet) est cadre supérieur dans une entreprise de fret maritime. C’est un homme de responsabilité dont la vie est structurée par son travail plus que par sa famille. Il est froid, dépourvu d’humanité et d’empathie.

A la maison, il mène son petit monde manu militari – sa femme et ses cinq enfants-, a l’instar du lever matinal autour de tasses de café qu’il apporte avec Mathilde (Adèle Bochatay) sa plus jeune fille… directement dans les chambres.

 

Un événement inattendu survient lors d’une traversée. Un clandestin qui a embarqué en Afrique est soupçonné d’être porteur du virus Ebola. Quelle décision Frank Blanchet peut-il prendre ? Faire revenir le porte-conteneur ? Prendre le risque d’une quarantaine ?

La logique financière s’impose. Frank prend la décision radicale de demander que « l’on se débarrasse du clandestin » (ce sont ses termes) sans consulter sa hiérarchie.

On est saisi(s) d’effroi devant la monstruosité de la décision et l’absence de morale: un crime commandité par téléphone, une mort sur ordonnance non écrite en somme.

Dans ce tout petit monde, tout finit par se savoir et cette décision lui coûte son poste. Sa ligne de défense au service de l’entreprise n’a pas convaincu la direction. Sa vie bascule.

 

…Un monstre qui s’effondre et accède pour la première fois à son humanité…

 

Dès lors, nous assistons à l’effondrement complet du personnage de Franck Blanchet. Il se délite littéralement sous nos yeux même s’il se garde bien d’informer femme et enfants de la situation et se lève chaque matin en feignant de rejoindre son poste.

L’ art de sauver momentanément les apparences, car en parallèle Franck tente de rebondir en cherchant un nouveau poste, en faisant procéder également à un nouveau profil de compétences et en rejoignant un groupe de parole où il apprend à parler pour la première fois de lui.

On y apprend que le milieu fermier dans lequel il fut élevé traitait les enfants comme les bêtes en leur donnant des coups quand ils refusaient d’avancer.

Genèse d’un monstre, origine du mal.

 

C’est dans l’épreuve terrible du déclassement social que Frank accède pour la première fois de sa vie à son humanité. Il reconnaît l’horreur de son acte, en parle à sa femme, ses enfants l’apprennent également.

 

…Mais un monstre dont la vie n’est qu’en sursis ?

 

C’est parce qu’il se fait horreur qu’il envisage pour lui l’irréversible.

Et c’est dans ce moment extrême et parce qu’il a accédé à son humanité que sa plus jeune enfant, Mathilde, lui fait envisager différemment la situation. Mathilde, élève intelligente qui incarne la valeur travail à ses yeux, qui porte un regard acéré sur le monde et qui adore son père, lui apparaît comme une possibilité de rachat. Elle incarne la pureté qu’il reconnaît et qui pourrait la sauver.

Et c’est en toute lucidité cette fois, qu’il signe son nouveau contrat de travail après bien des hésitations. Un poste à risques dont il ne voulait pas, mais qu’il abordera sans illusion, car Frank a compris que la famille est bien sa priorité et sa planche de salut.

Pourtant rien n’est acquis et le dernier plan du film – Frank assis sur le bord du canapé – entouré pour la première fois des siens – ressemble fort à celui d’un homme au bord d’un précipice. Finira-t-il par tomber ?

 

Le premier film d’un trilogie initialement imaginée par A.Russbach

 

A l’origine, A.Russbach avait imaginé trois films reprenant la trilogie médiévale : « Ceux qui combattent » (les chevaliers donc la noblesse) , « ceux qui prient » (les religieux donc le clergé) , « ceux qui travaillent » (les paysans, les artisans).

Son objectif était de passer cette ancienne division au crible de la société contemporaine. Il n’a à ce jour réalisé que l’un des trois volets. Cela reste son unique film.

 

 

« Ceux qui travaillent » est une attaque en règle contre un certain monde du travail, le plus engagé dans la mondialisation économique et financière et qui nous nourrit au quotidien.

Ramené au parcours d’un seul individu à responsabilité, Frank Blanchet, il pose clairement la question de ce que l’on est prêt(s) à sacrifier pour une entreprise et… sa réussite professionnelle.

 

Le résultat est terrifiant.

JACQUES BRACHET A LA RENCONTRE DE LOIC NICOLFF

Loïc NICOLOFF : Un Marseillais qui tourne bien !


Il a le regard bleu Méditerranée… Normal, il est né à Marseille !
Illustrateur, scénariste, réalisateur, bientôt écrivain, Loïc Nicoloff est né dans le cinéma tout petit. Exactement à 6 ans, lorsqu’il découvre le film « L’empire contre-attaque » avec son grand-père.
De ce jour le cinéma lui est resté chevillé au cœur et au corps et aujourd’hui il en a fait son métier.
Belle idée qu’a eue Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud », de l’inviter pour deux jours au Six N’Etoiles pour une carte blanche, choisissant pour le public, trois films totalement différents et venus de pays différents : La France, l’Argentine, le Japon.
Installé à Aix-en-Provence où il enseigne l’écriture de scénario, ça ne l’empêche pas de tourner des films, d’écrire des BD et un roman qui ne saurait tarder de voir le jour.
Le sourire avenant et le rire sonore, il nous raconte tout sur sa vie liée au cinéma.

« D’abord, je  suis né à la maternité de la Belle de Mai… devenue la Maison du Cinéma… C’était prémonitoire, non ? nous dit-il en riant !
Alors cette révélation cinématographique à 6 ans ?
Ça a été le choc visuel, après avoir vu un ou deux Walt Disney avant… Je me rappelle de la grande salle sur la Canebière, en plus, le film finit mal, ça a remué plein de choses en moi et j’ai été tout de suite accro. Tous les lundis, journée du tarif réduit, ma mère m’y amenait. J’ai vraiment bouffé du cinéma et c’est ça qui a tout déclenché.
Tu te disais déjà que tu serais réalisateur, comédien ?
Comédien jamais, réalisateur oui, mais alors je ne pensais pas en faire et je suis tombé un jour dans une librairie à Saint-Tropez sur un hors-série de « Starfix » consacré aux effets spéciaux. D’un coup j’ai eu la vision qu’on fabriquait un film et que c’était de l’illusion. Et j’ai eu envie de faire des effets spéciaux, de raconter des histoires mais c’était un rêve, comme on rêve d’aller sur la lune. J’ai fait un diplôme d’informatique et de comptabilité mais j’ai eu la chance d’aller au premier festival des scénaristes de la Ciotat en 98. Je me suis présenté, on devait écrire un scénario de court-métrage en 24 heures et j’ai gagné ! Le prix m’a été remis par Jean-Claude Iso et c’est ça qui m’a permis d’entrer dans le milieu du cinéma.
Et alors ?
Alors j’ai commencé à rencontrer des producteurs, des réalisateurs, j’ai bossé six ans, j’ai fait tous les métiers du cinéma sur le tas… La seule chose que je n’ai pas faite est… maquilleuse ! J’ai même fait costumier ! Je me suis retrouvé en 2004 sur une énorme série télé et c’est là que je me suis dit que je voulais être réalisateur.

C’était quoi cette série ?
Elle s’appelait « Bin’o Bin ». C’était tourné à Marseille pour Canal Algérie. J’étais premier assistant, ce qui était loin de ce que je res mais ce qui m’a permis de me dire que je voulais être réalisateur et à l’origine de projets. J’ai alors fait beaucoup de courts-métrages, quinze autoproduits et cinq produits dont mon dernier « Rocambolesque » en 2016 avec Amaury de Crayencourt et Nicolas Marié. Budget de 135.000 euros, cinq jours de tournage, des effets spéciaux, des cascades, des animaux exotiques… Le pied absolu ! On a fait 70 festivals, on a eu dix prix… surtout à l’étranger. Depuis, je me consacre à mon long-métrage, on part en financement avec un producteur.
Tout ça à Marseille ?
Non, j’ai fait une parenthèse de dix ans à Paris car il faut avoir les réseaux et ils sont à Paris. Donc j’y suis parti en 2008, j’ai créé mes réseaux, j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme, qui était d’Aix-en-Provence et je suis redescendu en 2018. Je fais toujours des allers-retours mais depuis le Covid, on fait beaucoup de réunions en zoom.
J’ai vu que tu avais été sur la série « Nos chers voisins »…
Non, j’ai fait la BD de « Nos chers voisins ». Il y a eu quatre tomes que j’ai écrits en tant que scénariste. Et je bosse aussi sur la série « Vestiaires » depuis six ans
comment s’est fait cette BD de « Nos chers voisins » ? ?
C’était une commande très particulière : je devais m’inspirer de la série sans la copier, inventant de nouveaux gags tenant sur une planche, avec un dessinateur, les gags devant être validés par la production, les agents les comédiens. C’était quelquefois compliqué à cause de l’égo de certains comédiens. Et puis il y a eu « Léo Loden » que j’ai co-écrit avec Aleston, le créateur, à partir du tome 16. Depuis cinq ans j’écris seul les scénarios. Nous sommes sur le tome 30 qui se passe pendant la peste à Marseille en 1720.
Alors, avec ça, la réalisation ?
Je voulais réaliser un film sur Jacques Offenbach dont j’adore la musique. C’est un scénario qui se passe sur un an de sa vie, lorsqu’il crée « La belle Hélène » en 1864 mais c’est un film très, très cher qu’on n’est pas arrivé à financer. C’est un film historique, donc en costumes et en France c’est le genre de film qui ne marche pas du tout. En France, la culture histoire-musique, ça ne marche pas. Du coup j’écris un roman d’après le scénario qui me permettra peut-être de revenir sur le film… si le livre marche !

Pourquoi Offenbach ?
Lorsque j’avais 11 ans, on m’a amené voir « La vie parisienne » au parc Borelli et j’ai été ébloui. Il y avait tout ce que j’aimais : c’était rigolo, il y avait de beaux décors, de beaux costumes, de belles musiques…
Et où en es-tu avec le fantastique, qui est un genre que tu adores ?
En fait aujourd’hui je me consacre au film que j’aimerais tourner, qui est à la lisière du fantastique. Mais le fantastique est compliqué à vendre en France. Je préfère faire un film un peu plus « faisable », avec un budget raisonnable. En France, il y a quelques films fantastique qui se font, peu sont bons, peu fonctionnent. A part « Le règne animal » et « Vermine » peu s’en sont sortis. Aux Etats-Unis, il y a des moyens énormes que nous n’avons pas, le savoir-faire et le public. Notre public a une méfiance sur le fantastique Français.
Alors, parlons des trois films que tu as choisis pour cette « Carte blanche » ?
Déjà, on fait la liste au Père Noël puis il y les contingences qui font qu’on peut avoir un film ou pas.
Ce qui m’intéresse c’est que j’aime les bons films, quel que soit leur genre.
J’aime partir dans un univers, qu’on me propose un voyage. Là, ce sont trois films très différents dans la forme, dans l’expression, les thèmes mais qui m’ont à chaque fois surpris, transporté et qui proposent une vision humaine, humaniste sur trois aspecta différents.
« Ceux qui travaillent » d’Antoine Russbach est un film très simple, très linéaire. La trajectoire d’un personnage joué par Olivier Gourmet qui m’a bluffé.
« Dans ses yeux » de Juan-José Campanella a été un choc pour moi. Une thématique sur la passion déclinée, qui peut rendre heureux ou malheureux. C’est une narration d’une pureté incroyable.
« Past lives – nos vies d’avant  de Céline Song c’est une belle surprise. C’est une narration à la manière de « Quand Harry rencontre Sally » une histoire où l’on ne sait jamais où ça va, qui sort des codes. C’est un film qui m’a fasciné »

Après cette parenthèse, qui est sa première carte blanche, Loïc repart sur son roman et sur son film.
C’est une rencontre passionnante avec un homme passionné, qui aime parler de son métier, de ses métiers devrais-je dire et dont j’attends son roman su Offenbach avec curiosité… On en reparlera, on a promis de se revoir.

Propos recueillis par Jacques Brachet

Au Six N’Etoiles avec Pascale Parodi