mercredi 26 juin 2024

KARIM LEKLOU, UN REGARD, UNE HUMANITE VU PAR JACQUES BRACHET

 


Aymeric (Karim Leklou) est un gars sans problème, solitaire, introverti… Mais gentil.
Il retrouve Florence (Laetitia Dosch) une copine avec qui il a travaillé, qui a été lâchée par son mec qui lui a laissé un souvenir avant de partir : un bébé à naître.
Karim tombera amoureux, prendra la grossesse et l’enfant en charge. En fait, il sera son papa durant sept ans. Le temps que revienne le vrai père et que le drame s’installe.
Le père veut retrouver son fils, la mère alors décide de prendre Aymeric comme parrain avant que tous trois aillent s’installer au Canada laissant Aymeric dans une tristesse profonde.
Jusqu’au jour où…
On n’en dira pas plus sur ce film signé des frères Larrieu « Le roman de Jim ».
Trois beaux acteurs dont Karim Leklou qui crève l’écran avec cet air doux et triste, qui prend tous les coups – et ils seront nombreux – qui encaisse sans broncher.
Quant à Laetitia Dosch, elle est d’une inconséquence et d’un égoïsme crasses au nom de la liberté, ne se rendant pas compte du mal qu’elle fait à cet homme et à ce gosse.
Enfin Florence (Sara Girodeau) qui va être le catalyseur pour qu’Aymeric retrouve un espoir, une vie, vie qui l’a si longtemps malmenée.
Un trio de magnifiques comédiens avec Karim, ce bon toutou qu’on a envie de protéger avec ce regard, malgré un calme et un sourire qui cachent tous les malheurs du monde.
Une fois de plus il nous surprend, il nous séduit, il nous émeut par tant d’amour et d’humanité, comme le grand comédien qu’il est… Et qu’on a plaisir à retrouver après la projection du film au Six N’Etoiles où il nous rejoint.
Si Karim n’est pas une star, il est l’un de nos plus beaux comédiens français, à la filmographie impressionnante, chargé de prix de meilleur comédien et recordman de films présentés à Cannes dans diverses sections, dont ce film des frères Larrieu.


 
Et ce regard.

Un regard qui ne lâche pas le vôtre, qu’on ne peut pas lâcher non plus tellement il est intense. Et l’homme ne nous déçoit pas, bien au contraire. Il nous séduit par sa gentillesse, sa simplicité et sa façon lucide de voir le cinéma.« Karim, votre personnage est un vrai gentil… Trop gentil ?
Je dirai que c’est quelqu’un de résilient. C’est vrai que c’est un homme gentil mais qui ne s’apitoie pas sur lui-même, quelqu’un qui fait face. Il n’a pas une forme de passivité mais il fait comme il peut, comme d’ailleurs tous les personnages du film. Ce sont des gens qui ne sont pas plus intelligents que l’histoire qu’ils vivent. C’est ce qui m’a touché dans le scénario car il y a une qualité assez rare : c’est un personnage qui n’a pas forcément un changement d’étape psychologique très important mais qui, par sa gentillesse, risque de perdre une part de sa vie. A mon avis c’est très fort. Ce qui m’a plu également c’est qu’à un moment tout peut dérailler.
Le personnage accepte quand même beaucoup de choses sans broncher !
Au départ il tombe amoureux et du coup il reçoit cet enfant qui n’est pas de lui. Ce n’est pas le plus beau jour de sa vie mais il accepte d’en être le père. Il y a plein d’étapes qui font qu’il va aimer ce gosse qui n’est pas au départ programmé dans sa vie. Il fait avec la réalité du moment. Il vivra sept années idylliques dans ce cadre magnifique du Jura.
Le scénario est tiré du livre éponyme de Pierric Bailly…
Oui et ce qu’il y a de formidable c’est que Jean-Marie et Arnaud Larrieu n’ont pas trahi le roman. Mieux : ils ont fait participer Pierric au scénario, ce qui n’est pas une obligation. Mais il y avait une transparence, ils ont fait ensemble les repérages, les gens de Saint-Claude les ont aidés et d’un coup, il y a eu une synergie qui s’est créée.









Aviez-vous lu le roman ?
Non, je l’ai lu après, je ne voulais pas du tout le lire avant, j’avais très peur de trouver d’autres éléments par rapport au scénario pour ne pas me créer un autre imaginaire. Je me suis vraiment basé sur le scénario. Par contre, je me suis très vite trouvé hyper proche de Pierric. C’est un gars très simple, vrai intello mais très accessible, très généreux.
Vous vous êtes trouvés en phase avec lui, avec ce scénario avec les réalisateurs ?
Oui, nous avons beaucoup échangé sur l’écriture du scénario, j’étais très touché par sa vision de ces liens qui se distendent, qui dépassent les liens du sang. Ça a une forte résonance avec la vie d’aujourd’hui. Je trouvais aussi le portrait de ces deux femmes très moderne, très actuel… On n’est pas dans « L’amour est dans le près » ! Les discussions ont bien fonctionné entre les frères Larrieu, Pierrick et moi. D’autant qu’au départ j’étais surpris que les frères Larrieu fassent appel à moi, je ne pensais pas pouvoir entrer dans leur monde qui est loin de moi. Mais dès la première rencontre, je suis tombé sous leur charme,  je les ai adoré par leur humanité, par leur vision mais aussi par leur fantaisie, par leur écoute. Ce sont des réalisateurs qui aiment les gens, qui font attention aux autres.
Comment définiriez-vous le film ?
C’est un film social, c’est un grand mélo, c’est un film romanesque, c’est un film d’amour, c’est aussi peut-être un film politique car ça parle de ces liens qui se tissent sans qu’au départ ce soient des liens familiaux. C’est un film de la France d’aujourd’hui que je suis très heureux de défendre car je crois que je n’avais jamais défendu cette notion de gentillesse et de douceur dans un film qu’au départ je ne me sentais pas légitime d’être.
Je dois vous avouer que, même dans d’autres films, j’ai toujours été subjugué par votre regard dans lequel, sans rien dire, vous faites passer tellement de choses !
Merci maman ! Merci à vous aussi car ce que vous dites me touche. Mais je crois que c’est aussi un travail de tout le monde.







Vous parlez toujours des autres, pas de vous !
Oui mais le regard ça dépend aussi du chef opérateur, de la façon qu’il a lui-même de vous regarder. Comment il vous filme et ce qu’il perçoit de vous. Il y a aussi l’importance des silences, des regards. Personne n’a rien inventé depuis Chaplin ! Il y avait toute l’universalité que je retrouve dans ce film. C’est un film qui ne va pas dans l’artifice.
Alors parlons de vos deux partenaires féminines.
Laetitia est une actrice sensationnelle qui m’a impressionné par sa capacité totale à plonger dans les scènes. Elle a un rôle difficile et arrive à l’humaniser… Je l’aime et la respecte profondément. Elle a une force dingue de travail et de proposition qui l’amène dans un ailleurs de sincérité, de vérité, de liberté, de courage, d’humanité.
Sara, c’est magique. On a l’impression d’une grande facilité. Elle raconte beaucoup de choses dans les regards, dans l’énergie qu’elle met dans son personnage qui fait du bien au film. Dans le film, c’est un soleil qui emporte tout.
J’ai pris un grand plaisir à jouer avec ces deux actrices.
Ce film a-t-il changé quelque chose en vous ?
C’est un film qui m’a touché, qui m’a de plus en plus donné envie d’explorer des fonds universels, de continuer d’aller vers des films très différents, comme je l’ai fait souvent. Des films qui permettent de voyager à l’intérieur de vous-mêmes, de vous interroger sur vous. Ça me rend encore plus curieux de travailler avec des gens différents, d’oser encore plus d’être qui on est. Et c’est un métier qui demande d’être humble, de s’intéresser aux autres. Ce film m’a conforté dans une certaine idée de l’humanité.





Pascale Parodi, présidente de « Lumières du Sud », Patrick Perez adjoint, Karim Leklou,
Thierry Mas Saint-Guiral, Noémie Dumas et Jérôme Quattieri, codirecteurs du Six N’Etoiles

Parlons du festival de Cannes. Vous êtes un recordman des films présentés, toutes catégories, jusqu’à celui-ci qui était en projection officielle…
J’étais très heureux que ce film se retrouve là-bas, comme chaque fois que je viens y défendre un film. Ce sont toujours de belles naissances d’un film, une place privilégiée Pour celui-ci, surtout lorsque c’est un film d’auteur ou d’art et essai. Je suis toujours très heureux pour les comédiens, pour l’équipe avec qui j’ai partagé un certain temps. C’est pour ça que j’aime Cannes, c’est une chance d’exister pour les films. Cannes ce n’est pas moi mais les films qui m’ont permis d’y aller et de les défendre. C’est le film qui vous amène à Cannes, par les comédiens. On porte un film en commun et on essaie de les faire vivre. Je suis heureux de les présenter avec toute l’équipe ».

 Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon




mercredi 12 juin 2024

LUNDI 24 JUIN LE ROMAN DE JIM DE ARNAUD ET JEAN MARIE LARRIEU

 

LUNDI 24 JUIN 2024

20h30 au Six N'étoiles

 

LE ROMAN DE JIM 

de Arnaud et Jean Marie Larrieu

en présence de l'acteur principal

KARIM LEKLOU

 





 

SYNOPSIS :   Aymeric retrouve Florence, une ancienne collègue de travail, au hasard d’une soirée à Saint-Claude dans le Haut-Jura. 

Elle est enceinte de six mois et célibataire.


Quand Jim nait, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu'au jour où Christophe, le père naturel de Jim, débarque... 


Ça pourrait être le début d’un mélo, c’est aussi le début d’une odyssée de la paternité.



 

Arnaud et Jean Marie Larrieu

 


Nés à Lourdes, Arnaud et son frère Jean-Marie Larrieu  se passionnent très tôt pour le cinéma grâce à un grand-père originaire des Hautes-Pyrénées qui tourne des films de montagne en 16mm.
"Notre idée a toujours été de filmer des corps dans le paysage ou des corps comme des paysages"

Dans leur filmographie, nous trouvons:
Peindre ou faire l'amour avec Sabine Azéma et Daniel Auteuil
L'amour est un crime parfait avec Karin Viard et Mathieu Amalric
21 nuits avec Pattie avec Karin Viard, Isabelle Carré, André Dussollier.

Le Roman de Jim est leur dernier film.
Présenté à Cannes en 2024, ce film est inspiré du livre de Pierrick Bailly.

jeudi 6 juin 2024

LUMIERES DU SUD A LA RENCONTRE DU FESTIVAL DU FILM DE LA CIOTAT

 

          41ème Festival international du film de La Ciotat, du 5 au 9 juin 2024.

 

                                            par Jean-François Vilanova, membre de l’association Lumière du Sud

 

Ambiance des grands jours en cette après-midi du 5 juin à l’Eden-Théâtre de La Ciotat !

 

Pour la 41ème année s’ouvre le Festival du premier film francophone créé en 1982 dont seule la pandémie de 2020 empêcha le déroulement. 

 

Le lieu est exceptionnel car le Festival se déroule dans le plus ancien cinéma du monde, l’Eden-Théâtre, où les Frères Lumière projetèrent en 1895 le premier film du monde, « L’entrée du train en gare de La Ciotat ».

 

Le Jury est présidé cette année par une artiste d’exception, Françoise Fabian.

 

 

          La Grande Cour du cinéma Eden, le 5 juin.

 

Pour cette première après-midi, deux premiers films sont au programme :

 

« La Grande Ourse » court métrage d’Anthony BAJON (25 mn) et « Niki », long métrage de Céline SALETTE qui vient d’être présenté au Festival de Cannées dans la section Un certain regard (1h36).

Les deux films sont réalisés par un acteur et une actrice qui passent pour la première fois derrière la caméra.

 

La vedette de cette première journée est l’acteur Anthony BAJON.

  Dans un coin du hall, il répond aux questions de deux journalistes. L’homme est simple, accessible, on est bien loin du tapis rouge et du glamour cannois. Je peux l’aborder sans difficulté, lui parler, il accepte de faire quelques selfies avec une extrême gentillesse. Il répond un plus tard à d’autres questions lors du photocall qui se tient dans la grande cour du cinéma Eden.

 

Anthony Bajon lors du photocall.                                 Selfie avec Anthony Bajon

 

Anthony Bajon est un jeune acteur de 30 ans, largement confirmé depuis ses débuts au théâtre en 2009 puis au cinéma en 2015. Sa prestation exceptionnelle dans « La prière » de Cédric Kahn, lui avait valu le prix d’interprétation masculine au Festival de Berlin (Ours d’argent) en 2018, une performance tout en fureur et en violence mal contenue.

En 2020, il montra toute l’étendue de sa palette dans le téléfilm « Paris-Brest » de Philippe Lioret : il y incarnait un personnage d’écrivain qui se cherche, en rupture avec sa famille, une famille qu’il n’aime pas, qui ne le comprend pas et lui adresse sans cesse des marques de mépris. Il saura s’en émanciper, dans la douleur.

 

Dans « La grande ourse », Anthony BAJON aborde la question des violences faites aux femmes. Tous les étés, Chloé se rend dans le même camping où elle rejoint ses amis. Pour la première fois, elle s’y rend seule et retrouve son amie Alexia, sportive, qui s’entraîne pour un combat de boxe. Très vite, Chloé offre les premiers signes de malaise, alors qu’elle se trouve dans un cadre paradisiaque. Que s’est-il passé durant l’année écoulée ?

Le premier film d’Anthony BAJON offre une réalisation très maîtrisée.

 

A la fin de la projection, l’acteur-réalisateur se livre avec pudeur aux questions du médiateur et de la salle. Et révèle que ce court métrage parle de « la violence qu’il a lui-même subie plus jeune » ; en la transposant dans le personnage de Chloé, il est « parvenu à mettre à distance » des éléments de sa propre histoire.

Anthony BAJON en profite pour annoncer qu’il travaille sur un premier long métrage qu’il devrait tourner avec une équipe de proches au début de l’année 2025 en abordant « un sujet très différent de ce court métrage ». Rendez-vous est pris pour l’année prochaine.

 

 

          Dans la salle du cinéma Eden, Anthony BAJON et les médiateurs.

 

La Grande Ourse, film d’Anthony BAJON.