Ouverture en fanfare du 46ème CINEMED, festival du CINéma MEDiterranéen de Montpellier
par Jean-François VILANOVA (LDS)
"Est-ce l’Espagne en toi qui pousse un peu sa corne?" (in
"Toulouse", Claude Nougaro).
"Je déclare ouverte la 46ème édition du Cinemed"!
Avec cette phrase magique,
la réalisatrice italienne Francesca Comencini a ouvert l’événement
cinématographique annuel de Montpellier dans une ambiance espagnole, joyeuse,
et...braillarde portée par une jeunesse nombreuse, plantée dans les différentes
galeries de l’Opéra Berlioz et venue de plusieurs lycées de France hexagonale
et ultramarine dont le lycée Louis Lumière de La Ciotat.
En ouverture de la soirée,
la vocation du Cinemed depuis ses débuts fut rappelée à la salle:
un lieu de rencontres de toutes les cinématographies du bassin méditerranéen
jusqu’au Proche-Orient actuellement ensanglanté par la guerre. Les artistes
palestiniens, israéliens et libanais ont
été associés à l’événement.
Le film de Francesca Comencini présenté à la 81ème Mostra de
Venise en août 2024 et qui sortira en France le 12 février 2025 est une vraie
réussite ancrée dans une réalité autobiographique.
Il pose la question de la transmission entre parents et enfants, mais
aussi de la réussite du passage de l’enfance à l’adolescence, puis à l’âge
adulte.
Ce passage serait-il plus complexe en naissant dans une famille d’artistes,
puisque Francesca n'est autre que la fille de l’un des grands réalisateurs
italiens du XXème qui a tant traité de l’enfance et fut "vite
oublié", Luigi Comencini?
La réalisatrice se bornera sur scène à rappeler combien il est difficile de
devenir adulte, en s’adressant à la jeunesse de la salle.
"Prima la vita" est "une lettre d’amour"(F.Comencini)
à plusieurs entrées.
De Luigi Comencini à sa
fille Francesca qu’il vénéra et sauva.
De Francesca à son père, également, à qui elle doit tout : ses années de bonheur,
d’insouciance et de rêve quand elle était enfant et façonnait son imaginaire à
l’ombre du « Pinocchio » que son père réalisait; sa survie, ensuite,
après les années d’errance de l’adolescence qui se confondent avec les
"années de plomb" de l’Italie, celles du
terrorisme pendant les années 1970. Plus globalement, enfin, une "lettre
d’amour" au cinéma que Luigi Comencini incarna si bien.
Ainsi le film célèbre le cinéma qui a "sauvé" la réalisatrice,
à coups de références intimes: le "Pinocchio" de son
père (1972), "L’Atlantide" de G.W.Pabst (1932) vénéré
par ce même père, "L’enfance nue" de Maurice Pialat
(1969), mais aussi tous les extraits de films muets italiens
sauvés de la destruction par Luigi Comencini et qui constituent
aujourd'hui le fonds de la Cinémathèque de Milan.
Et si la réalisatrice fait dire à son père "Ne faisons-nous pas le plus
beau métier du monde?", celui-ci rappelle qu’il n’est pas la priorité.
"D’abord la vie ,"Prima la vita", le cinéma ensuite".
La vie d’abord, car le cinéma n’a pas le pouvoir de changer le monde. Il ne
peut que changer notre regard sur lui.
Ou peut-être parce qu’il n’est qu’illusion.
Francesca Comencini acclamée à l’issue de la projection de « Prima la vita » dans
la salle Berlioz du Corum de Montpellier.
Affiche du film « Prima la vita » (« Il tempo che ci vuole » pour sa sortie en Italie).
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