Six-Fours – Lumières du Sud Ted HARDY-CARNAC…
Un jeune réalisateur plein de promesse… et de talent !
Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud », a
le chic pour nous faire découvrir des films rares et des réalisateurs
de talent. Ce qui a été encore le cas lundi dernier en invitant le jeune
réalisateur Ted Hardy-Carnac qui a déjà à son actif cinq courts
métrages et prépare son premier long métrage.
Ted a un parcours
original car, avant d’arriver au cinéma il a pris plein de chemins de
traverse, quelques risques, et aurait pu passer à côté du cinéma mais
sa passion a été la plus fort.
Ses films sont des films de fiction
qui, souvent, se passent dans un temps pas si lointain que le nôtre mais
avec un peu de décalage sur le temps réel. Des films couts mais denses
et qui ont la spécialité de laisser la porte ouverte à une suite ou du
moins, comme il aime le dire une porte pour faire rêver ou donner au
spectateur la possibilité d’inventer cette suite.
Volubile, énergique, un grand sourire derrière sa barbe rousse, quel plaisir de rencontrer un homme aussi passionné !
« Ted, parle-nous de la façon dont le cinéma est entré dans ta vie…
Le
cinéma est venu très tôt, dès l’âge de 12/13 ans. Mais alors ce n’était
qu’un hobby en tant que spectateur. J’y suis beaucoup allé avec ma
sœur, puis avec ma première copine qui m’ont fait aimer le cinéma. Nous
étions au Quartier Latin où il y avait alors beaucoup de cinémas. Nous y
étions tout le temps fourrés.
Mais ça n’a pas été une ligne droite pour y arriver.
Raconte.
Je
n’ai pas fait d’école de cinéma, je suis autodidacte. En fait, ma
passion, c’était les maths. Tu vois, on en est loin ! J’ai donc fait une
classe préparatoire en mathématiques, puis une école d’ingénieurs d’où
je suis sorti diplômé mais je me suis rendu compte qu’en tant
qu’ingénieur, on ne faisait pas beaucoup de maths fondamentales. On
faisait des choses abstraites. En fait, j’aurais dû me lancer dans la
recherche. Du coup, je me suis dirigé vers une école de commerce. J’ai
étudié trois ans.
Mais le cinéma dans tout ça ?
J’y
viens ! Lorsque j’étais à l’école d’ingénieurs, j’ai créé un club
cinéma dont j’ai été deux ans président. C’était l’association Lumière,
qui existe toujours. On créait des scénarios de manière collective.
Puis, arrivé à l’école de commerce, un club cinéma existait déjà dans
lequel il y avait une société de production qui a lancé un concours de
scénarios. Etant dans l’école, je n’avais pas le droit de faire le
concours… que j’ai quand même fait sous un pseudonyme ! Et j’ai gagné le
concours.
Comment as-tu fait alors ?
Du
coup Ils ont voulu me rencontrer. Je leur ai dit : « Hey, c’est
moi ! ». Ils m’ont répondu : « Hey, ce ne sera pas toi ! » Et j’ai été
disqualifié. Un autre sujet a été choisi et j’ai participé à la
production. Finalement, ils ont pris mon scénario pour la cession d’été
et avec l’équipe du premier j’ai réalisé le mien. Je ne connaissais rien
de la mise en scène et il a été raté… Je ne le montre à personne !
J’ai malgré tout trouvé ça incroyable et j’ai compris ce que je
voulais faire : écrire et réaliser. J’ai quitté l’école de commerce, je
suis entré dans une banque et j’ai choisi le financement de cinéma, les
demandes de crédit pour les sociétés de production. Mais je voulais
réaliser des films… et j’ai démissionné. Je me suis alors lancé dans la
réalisation d’un court métrage. Puis d’un autre, un autre…
Comment faisais-tu pour les produire ?
Je
ne connaissais personne dans le métier mais j’ai travaillé avec des
amis, ma copine qui est devenue ma femme qui a pris en main le travail
de production. Nous autofinancions tout. J’ai eu la chance que chacun
des films a eu un certain succès. Un peu plus à chaque fois et tout
s’est enchaîné.
J’ai réalisé cinq films… je ne compte pas le premier !
Puis
j’ai eu envie de réaliser un long métrage. J’ai alors postulé à la
FEMIS qui est l’Ecole Nationale Supérieure des Métiers de l’Image. J’ai
obtenu mon diplôme et j’ai écrit mon premier long métrage. J’ai trouvé
une productrice et aujourd’hui… J’en suis là !
Tu n’as fait que des courts métrages ?
Oui.
Comme je n’avais pas un rond, mais trois premiers films sont très, très
courts ! Car j’ai financé les trois premiers et j’arrivais à mobiliser
les copains sur un week-end.
Le premier m’a coûté 150€, le second
400€, le troisième 1500€, le quatrième 4500€. Peu à peu j’ai pu faire
des castings. C’est ainsi que j’ai rencontré Bastien Bouillon, César du
meilleur espoir masculin 2023 pour « La nuit du 11 » J’ai eu la chance
de présenter mes films dans des festivals, d’avoir des prix et de
pouvoir les vendre à la télé (France 3, OCS, TV5 Monde, Canal + et
passer dans circuits des salles MK2). J’ai aussi pu produire mon dernier
film « Un monde sans crise », avec Bastien.
Mes films ont fait en tout 196 festivals et j’ai même été invité à Bogota !
Et au théâtre Daudet !!!
Oui,
grâce à Pascale Parodi qui avait vu l’un de mes films, « Tunisie 2045 »
au « Festival Côté Sud » de la Seyne sur Mer. Je devais déjà venir mais
avec les grèves ça ne s’est pas fait. Et elle m’a redemandé de venir.
C’est rare d’être invité dans les festivals lorsqu’on ne fait que des
courts métrages. Je lui suis reconnaissant de son invitation et l’en
remercie.
Alors aujourd’hui, ton actualité ?
Le long !!!
a
va faire bientôt trois ans que j’y suis dessus. J’ai une productrice et
nous avons demandé l’avance sur recettes du CNC. Nous passons l’oral en
décembre pour présenter le scénario et si on l’a, ce sera la voie
royale ! Déjà, sur 2000 projets présentés, nous sommes restés dans les
12 retenus et ils vont en garder 4.
On peut en parler ?
Tous
mes scénarios sont inspirés de l’imaginaire, l’anticipation, le
fantastique, en décalage de la réalité, dans un univers naturaliste. Ce
sera une histoire d’amour qui se déroule sur trente ans.
As-tu une idée des comédiens dont tu as envie ?
Oui, il faut qu’ils soient jeunes pour qu’on puisse les vieillir au fur et à mesure.
J’ai
quelques idées. Pour les femmes : Nadia Tereszkiewicz (César du
meilleur espoir féminin 2023), Lyna Khouchi, vue dans « Les trois
mousquetaires » et Pomme, une jeune chanteuse qui se lance dans le
cinéma. Pour les hommes : B astien Bouillon évidemment, Niels Shneider
et Raphaël Quenard.
Si nous avons l’avance sur recette, il nous serait possible de tourner à l’automne 24… Sinon… Il faudra décaler ! »
Propos recueillis par Jacques Brachet
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