mercredi 13 mars 2024

De l’importance du scénario au cinéma ou l’art de savoir écrire une histoire.…

                 Vendredi 15 mars 2024 à 20h30 au Six N’étoiles de Six-Fours :

          ¨Ceux qui travaillent¨ d’Antoine Russbach (2018) avec Olivier Gourmet.

                 

                                 par Jean-François Vilanova, association « Lumières du Sud »

 







 

Les vendredi 15 et samedi 16 mars, carte blanche est donnée à Loïc NICOLOFF,

illustrateur, scénariste, réalisateur.

 

A l’occasion de la diffusion du film « Ceux qui travaillent », Loïc NICOLOFF abordera l’art du scénario au cinéma, cette histoire dont l’écriture a le pouvoir de  transformer le destin tout tracé d’un héros et de le faire basculer dans l’inimaginable à la suite d’un événement inattendu.

Le monde de l’entreprise est particulièrement propice à ce genre de retournement de situation et de destin.

 

Retour en trois temps sur cet univers implacable et à travers trois films français ou francophones qui ont marqué l’imaginaire :

« Ceux qui travaillent » d’Antoine Russbach (film helvéto-belge 2018), « Corporate » de Nicolas Silhol (film français, 2017) et … « L’argent des autres » de Christian de Chalonge (film français, 1978, césarisé en 1979).

 

 

*Dans « Ceux qui travaillent », Franck Blanchet (Olivier Gourmet) est cadre supérieur dans une entreprise de fret maritime. C’est un homme de responsabilité dont la vie est structurée par le travail plus que par la famille. Il est froid et manque d’humanité.

Un événement inattendu survient lors d’un transport maritime. Un clandestin qui a embarqué à bord d’un porte-conteneurs est soupçonné d’être porteur du virus Ebola. Quelle décision Franck Blanchet peut-il prendre ? Faire revenir le porte-conteneurs ? Prendre le risque d’une quarantaine ?

La logique financière s’impose. Franck prend une décision radicale sans consulter sa hiérarchie, décision qui lui coûte son poste.

Sa vie bascule.

 

*Dans « Corporate », Emilie Tesson-Hansen (formidable Céline Sallette) est responsable des ressources humaines (DRH). Elle est froide comme le protagoniste de « Ceux qui travaillent », rigide, guidée par la seule logique de rentabilité de l’entreprise qui l’a recrutée. Une « tueuse » en somme à qui le PDG (Lambert Wilson) a confié la mission de se débarrasser  de tous les cadres vieillissants donc moins performants après les avoir placardisés.

La situation lui échappe le jour où l’un des cadres de l’entreprise qu’elle avait volontairement marginalisé se suicide sur son lieu de travail.

Séisme dans l’entreprise.

Séisme pour la DHR, également, dont la vie bascule. Que va-t-elle faire ?

 

*Dans « L’argent des autres » enfin, tourné il y a quarante-cinq, à un moment où la mondialisation économique et financière était bien moins engagée qu’aujourd’hui, le personnage principal Henri Rainier (Jean-Louis Trintignant), fondé de pouvoir d’une prestigieuse et très feutrée banque parisienne, est sèchement licencié pour « faute grave ».

Il ne comprend pas ce qui lui arrive ni quelle faute grave il a commise et décide de mener l’enquête avec combativité.

Dans l’exercice de ses fonctions, il avait dû accorder des prêts massifs à un homme d’affaires peu scrupuleux et non solvable, Claude Chevalier d’Aven (Claude Brasseur) malgré l’avis négatif qu’il avait émis contre les décisions de son supérieur hiérarchique (Michel Serrault) pour faciliter ces prêts.

Pris dans un scandale financier, Henri Rainier voit sa vie basculer là encore comme pour les personnages principaux de « Ceux qui travaillent » et « Corporate ».

Comment peut-il prouver son innocence ?

 

Qu’il s’agisse de drame psychologique (« Ceux qui travaillent ») ou de purs thrillers vertigineux (« Corporate » ou plus encore le magistral « L’argent des autres »), les trois scenarii déroulent une même mécanique : des personnages parfois complices du système qui les embauche … et finalement pris dans un piège inexorable ; des réquisitoires contre le capitalisme économique et financier et en filigrane la mondialisation / globalisation qui a fini par s’imposer ; la prise de conscience tardive mais salutaire des personnages principaux que le système a utilisés et parfois broyés.

 

 

Ainsi, le cinéma est depuis sa création et avant tout, une affaire de scénario.

On a coutume de dire « qu’un film est d’abord une histoire, encore une histoire, toujours une histoire ». Sans un scénario solide ni des personnages solidement écrits, aucun réalisateur - fût-il talentueux - ne peut donner à un film toute sa portée.

L’Oscar du meilleur scénario original qui a été attribué ce 10 mars à Justine Triet et Arthur Harari pour leur film « Anatomie d’une chute » confirme même qu’un drame aux ressorts diaboliques peut offrir une consécration mondiale à une énième histoire de couple et à ses auteurs.

 

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