mardi 5 mars 2024

LUCAS B MASSON La passion cinéma...

 

Lucas B MASSON… La passion cinéma




A le voir arriver vers moi, souriant, silhouette filiforme, il ressemble à un étudiant. Étudiant de… 33 ans qu’il est loin de faire !
Lucas a un métier peu ordinaire puisqu’il est créateur de bandes annonces de cinéma et c’est une passion qu’il a depuis sa plus tendre enfance et dont il a fait son métier. Aujourd’hui il est un des rares à pratiquer ce métier, ce qui fait qu’en plus de son talent, il est très recherché et a à son actif nombre de bandes annonces comme « 120 battements par minute » de Robin Campino, « How to have sex » de Molly Manning, « Neuf mois ferme » d’Albert Dupontel, « Chien de casse » de Jean-Baptiste Durand et bien d’autres, la liste est longue.
Il a également réalisé pas mal de courts métrages dont certains ont été primés.
Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud », aime nous faire découvrir ces hommes et femmes de l’ombre qui font le cinéma car hormis comédiens et réalisateurs, tous les corps du métier grâce à qui le cinéma existe, sont assez méconnus et sont pourtant indispensables à la réalisation d’un film.
Lucas Masson est l’un d’eux et c’est un vrai plaisir que de le rencontrer.






« Le cinéma est arrivé comment dans ta vie ?
Très tôt, cette passion m’a été transmise par mon père. Il n’était pas du tout dans le cinéma mais c’était un passionné. J’ai donc regardé dès quatre ans des films avec lui… notamment des films fantastiques et des films d’horreur ! Pour certains je n’avais pas le droit de les voir car ma mère veillait au grain ! En fait, on m’autorisait à voir seulement les bandes annonces. Du coup, très jeune j’ai voulu faire du cinéma et bien l’envie de faire des bandes annonces certainement grâce à ça.
Et tu n’avais pas envie de réaliser des films ?
Bien sûr, d’ailleurs j’en faisais avec le caméscope de mon père et je prenais ma petite sœur pour actrice mais j’ai toujours gardé cette passion pour la bande annonce. Ça m’a toujours beaucoup inspiré c’était pour moi très vecteur d’inspiration. Je suis heureux d’en faire et je réalise aussi des courts métrages. Malheureusement (ou heureusement) j’ai été extrêmement accaparé par mon métier et j’avoue que réaliser me manque mais c’était difficile de coupler les deux. C’est pour cela que cette année, j’ai décidé de ralentir la « BA » pour me remettre à la réalisation de mes propres projets.
Quelles études as-tu faites ?
Oui, j’ai fait des études techniques, après mon bac, j’ai fait un BTS des techniques de cinéma et d’audiovisuel durant deux ans puis une licence histoire d’avoir un bac + 3. Mais très tôt j’ai travaillé sur des tournages en tant qu’assistant réalisateur, assistant chef opérateur, avec des réalisateurs comme Albert Dupontel, David Cronenberg, Quentin Dupieux, Jacques Audiard… J’ai beaucoup appris sur le terrain avec eux et parallèlement je faisais beaucoup de montage en autodidacte.

Comment entre-t-on dans ce métier ? Tu avais des relations ?
Je n’avais aucune connaissance, pas de piston ! Il faut, je crois, avoir beaucoup de détermination alors que je suis quelqu’un de relativement réservé. Mais il faut mettre ça de côté et foncer. Ça s’est fait un peu comme ça : je suis parti en vacances aux Etats-Unis à 19 ans mais je suis allé frapper au culot à la porte d’une grosse société de bandes annonces qui faisait celles de Steven Spielberg, JJ Abrams et le directeur de l’époque, Benedict Coulter qui était américain et avait vécu en France, a aimé mon culot car j’ai eu beaucoup de mal avec le vigile et avec sa secrétaire. Lorsque tu arrives à provoquer la rencontre, je pense que c’est plus facile qu’en France où c’est beaucoup plus cloisonné, il y a chez eux ce truc de « méritocratie » où l’on t’écoute. En France il y a moins de bienveillance, plus de condescendance.
Tu as donc travaillé avec eux ?
Non parce que j’habitais en France, je n’étais là que pour les vacances. Mais j’ai été « mentoré » par Bénédict Coulter qui m’a recommandé à une boîte française, « Sonia tout court » et durant trois ans j’y ai travaillé comme chef de projet. Je gérais la création de A à Z. Mais j’avais peu de flexibilité sur les choix des films. Du coup je me suis lancé en free lance depuis dix ans.
Ça n’était-il pas risqué?
Oui bien sûr, théoriquement mais j’ai eu cette chance que je n’ai jamais eu besoin de demander du travail, il est toujours venu à moi. Je refuse beaucoup plus de travail que ce que j’accepte. La chance a fait que le bouche à oreille a très vite fonctionné, j’ai eu de plus en plus de demandes. Aujourd’hui 50% des propositions !
Qui te choisit ?
C’est le distributeur à qui incombe la responsabilité du marketing du film et sa promotion et toute la communication du film.





Comment travailles-tu ?
Il faut connaître le film par cœur, le voir absolument et le regarder plusieurs fois. La première fois, je le regarde en spectateur pour recevoir les émotions puis je dissèque le film plan par plan, dialogue par dialogue, j’y reviens souvent dessus pour bien le connaître. Après ça, je travaille en toute liberté et le client vient me voir en toute connaissance de cause, aime avoir des propositions de ma part. J’ai besoin d’avoir cet échange en amont pour qu’il adhère à ma proposition. Le produit fini je le présente et, c’est rare, mais ça peut ne pas plaire et l’on voit les modifications à faire. Il y a des échanges pour que tout le monde soit content.
T’arrive-t-il de travailler avec les Américains ?
Ça peut se faire lorsque le distributeur français n’aime pas la bande annonce américaine, lorsqu’elle ne s’adapte pas au marché français par exemple Chacun a sa version marketing par rapport à la culture.
Alors, tes courts métrages ?
Le dernier, « Baby sitting » remonte à une dizaine d’années ! Mais ils ont presque tous été présentés dans des festivals, certains ont eu des prix. Du coup j’ai décidé d’y revenir cette année. J’ai plusieurs projets dont un sur lequel je travaille en ce moment, qui se tournera entre la France, en Nouvelle Aquitaine et le Portugal, avec justement une grande actrice portugaise. J’ai encore trois autres projets, après il faudra je j’aille sur un long métrage. Du coup je vais ralentir  la bande annonce mais je n’arrêterai pas car c’est un métier qui me donne beaucoup de bonheur.
Ne vas-tu pas regretter de rater des films ?
Il y aura certainement des regrets comme j’en ai déjà eu. J’ai dû refuser des films parce que je ne pouvais pas tout faire mais ça ne m’empêche pas de dormir. Ça ne s’est pas fait parce que ça ne devait pas se faire.
Et en ce moment ?
Je travaille sur des bandes annonces pour le festival de Cannes qui approche à grands pas. Mais je ne peux pas en parler.
On peut parler de ces films que tu vas tourner ?
Celui que je vais tourner c’est court métrage… d’épouvante ! Il s’appelle « Pena Sumbra ». Ça se passe dans un hôtel de province en France. Ça met en scène une femme franco-portugaise émigrée d’une soixantaine d’années, jouée par Rita Blanco, grande actrice portugaise… Qu’on va pas mal maltraiter et qui va passer une nuit cauchemardesque dans cet hôtel.
Tu reviens à tes premières amours !
Que veux-tu, on ne se refait pas !!! »

Propos recueillis par Jacques Brachet



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire