mardi 19 septembre 2023

SOIS BELLE ET TAIS TOI DE DELPHINE SEYRIG EN PRESENCE DE TOBY GILBERT, VOIX ET DOUBLEUSE DU FILM

Six-Fours – Six N’Etoiles 
Tony GEMPERLE-GILBERT : « Sois belle et tais-toi »

 







 

 

 

 

 

« Sois belle et tais-toi » est un film de Marc Allégret dans lequel Bardot est la vedette.
Mais c’est aussi le titre d’un documentaire qu’a réalisé la regrettée et néanmoins magnifique Delphine Seyrig. Il date de 1976 et le cinéma en était  à un tournant : Jusqu’alors le pouvoir cinématographique était uniquement masculin… Et macho.
Delphine Seyrig, qui a toujours défendu les femmes, a voulu réunir des comédiennes qui parlaient de leurs rapports ambigus et difficiles qu’elles avaient avec tous  les corps de ce métier, réalisateurs, scénaristes, producteurs… Des rapports difficiles, conflictuels qui leur faisaient payer cher l’envie d’être actrices. Déjà par le fait que rarement le rôle principal était donné à une  femme qui servait plutôt de faire-valoir et étaient cantonnées dans des rôles de bonnes, de putes, de mères de famille, de séductrices, de tueuses, de folles, de nonnes, d’esclaves, pas des rôles très valorisants et rarement des rôles de premier plan.
Elle a donc choisi des artistes comme Juliet Berto, Marie Dubois, Jane Fonda, Shirley McLaine, Maria Schneider, Jill Clayburgh, Louise Fletcher, Helen Burstyn… En tout 23 femmes qui avouent, pour la plupart que si elles avaient été un homme, elles n’auraient pas choisi ce métier mais plutôt d’être aventuriers ! Certaines regrettant même de ne pas avoir été un homme mais assumant leur état de comédiennes en se battant à tous les niveaux.
Nous sommes dans les années 70 et on se rend compte que, s’il y a eu des avancées dans ces métiers dédiés aux hommes, il y a eu (et il y a encore !) des difficultés à prendre quelquefois leurs places… Même aujourd’hui, il y a du chemin à parcourir.






 

 

 

 

Jane Fonda, entre autres, explique qu’arrivée à Hollywood, on ne la faisait tourner que si elle devenait blonde, faisait refaire son nez trop mutin, arracher des dents pour creuser ses joues, refaire l’ovale de son menton… L’actrice n’étant qu’un accessoire pour mettre l’homme en valeur et faire joli dans le décor… A condition d’être belle, jeune, ce qui impliquait des rôles secondaires jusqu’à ce qu’elles deviennent « vieilles » (très tôt !) et moins glamour.  Le film aborde tous les sujets avec humour, sobriété, recul et surtout une énergie qui rend ces femmes touchantes et drôles mais surtout, malgré toutes les embuches qu’elles doivent affronter, optimistes et opiniâtres.
Aujourd’hui, même si ce n’est pas encore la panacée, des femmes arrivent à s’immiscer dans ce mur épais du sexisme ambiant.
Ce que disent ces femmes dans ce film est d’une grande justesse et plein d’à-propos et de vérité, ce sont toutes des combattantes qui ont fait avancer le cinéma au féminin.
Il a l’avantage d’exister à une époque où il leur était difficile de faire entendre  leur voix.
Toby Gilbert, qui fut la collaboratrice de Delphine Seyrig, est venue au Six N’Etoiles, reçue par Noémie Dumas, directrice du lieu et Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud ».

 


Tony est une femme belle, lumineuse, qui de tout temps, s’est inquiétée de  la condition des femmes et dont la rencontre avec la non moins lumineuse Delphine Seyrig a été d’une grande importance. Née en 1941 à San Francisco, elle arrive en France en 1960… Et n’en est jamais repartie. Mieux : elle est aujourd’hui installée à Toulon, ville dont elle a eu le coup de foudre.

Cette « Américaine à Toulon » a gardé l’accent de son pays et en a la double nationalité.
Tony, pourquoi avoir choisi la France ?
Pour… le Moyen Âge !!!
C’est-à-dire ??
Je plaisante mais vous savez, il n’y a pas d’Histoire à San Francisco. J’ai quitté la ville a 17 ans, j’ai passé deux ans à New-York où j’ai pratiqué la danse classique et suis devenue mannequin et j’ai continué en France durant 15 ans. Je me suis mariée à un photojournaliste, je suis arrivée en France. Lui est reparti, moi je suis restée.
Comment s’est fait votre rencontre avec Delphine Seyrig ?
Je l’ai rencontrée en 1974 lorsque je suis entrée dans la mouvance féminine radicale et à la Ligue des Droits des Femmes dirigée par Simone de Beauvoir. J’y ai rencontré l’artiste Vicky Colombet qui avait fondé un journal « Les Nouvelles Féministes ». Nous y travaillions sur divers sujets : la contraception, la parité, le divorce, la violence faite aux femmes…
Pour( la petite histoire, un jour, nous apprenons que Françoise Giroud  disait que la violence faite aux femmes n’existait pas !!!
Avec l’association, nous avons ouvert la première ligne téléphonique : le 3919 que près de deux cents association a repris. Nous avons rencontré Delphine qui se proposait d’aller vers les femmes qui n’avaient pas la possibilité de parler de leurs problèmes. En fait, nous avons été les passeurs de paroles, les réveilleuses de conscience… Ca a mis la France en ébullition !
Delphine a eu alors l’idée de faire un film, qui est sorti en vidéo puis en DVD mais qui, à ce jour, n’était jamais sorti à l’écran. Il aura fallu attendre 50 ans !
Et votre collaboration au film ?
Nous étions en 74/75, Delphine venait de faire trois films importants : « Aloïse » de Liliane de Kemadec, « Indiana Song » de Marguerite Duras et « Jeanne Dielman » de Chantal Ackerman, des films dans la même mouvance.
Puis Delphine est partie en Amérique pour réaliser ses interviewes. C’était en 74/75. A son retour, elle m’a demandé de faire la traduction en anglais et en français puisqu’il y avait des actrices américaines et françaises. Tout était sur une cassette. Je n’étais pas une traductrice professionnelle, j’ai tout retranscrit mot par mot sur des cahiers. Mais ça a mis un certain temps.

 

 




 

 

 

Delphine en était-elle contente ?
Oui mais elle a eu cette phrase surprenante : « Bon, c’est très bien. Rendez-vous chez moi mardi prochain pour que tu fasses le doublage ». Au départ j’ai refusé mais elle a insisté : « Il y a la voix de 23 comédiennes puis la mienne et tu seras la 25ème. Je veux ta voix car celle-ci et ton accent se marieront très bien avec les nôtres ». J’avais vraiment la frousse mais tout s’est fait en une seule prise.
Et le résultat ?
Delphine était contente. Mais au montage pour sortir le film restauré, il y a quelques mois, ma voix a été enlevée dans la première partie du film au profit de sous-titres. Je n’ai jamais trop su pourquoi, ni qui a fait cela, et surtout sans m’en parle. Etait-ce la Bibliothèque Nationale où les ayant droit, Delphine ayant eu un fil. D’autant que les sous-titres sont une aberration.
J’étais à la fois déçue et très en colère. J’ai entrepris une démarche  afin de demander que la version telle que l’avait conçue Delphine reprenne ses droits. Aujourd’hui j’attends des réponses.
Cinquante ans après, les choses ont-elles bougé ?
Même si certaines choses se sont améliorées, les choses n’ont pas beaucoup changé. Vous savez, cinquante ans, c’est long pour l’humanité mais c’est court pour les femmes. La lutte est loin d’être finie, il y a encore du travail à faire.
Si vous deviez faire un court portrait de Delphine Seyrig ?
Je dirais qu’en dehors de son immense talent et de sa grande beauté, c’était une femme d’une grande gentillesse, d’une belle énergie, persévérante, opiniâtre, volontaire, qui n’a jamais baissé les bras.
Vous avez une belle idée d’elle, gardez-la comme vous l’imaginez… Mais en mieux !

Propos recueillis par Jacques Brachet



Pascale Parodi & Toby Gilbert



MÉDIATHÈQUE DE SANARY SUR MER AUDITORIUM ERNEST BLANC SAMEDI 30 SEPTEMBRE 2023

 

MÉDIATHÈQUE DE SANARY SUR MER
AUDITORIUM ERNEST BLANC
VOIR UN FILM EN VO ET EN DÉBATTRE DANS LA LANGUE



SAMEDI 30 SEPTEMBRE - 14H30
« NOBODY HAS TO KNOW » 


De Bouli Lanners, 2022, avec  Michelle Fairley et Bouli Lanners




Phil, un homme d’âge mur, vit dans une petite communauté presbytérienne sur l’Île de Lewis, au nord de l’Ecosse. Une nuit, il est victime d’une attaque qui lui provoque une perte de mémoire. Millie, une presbytérienne qui s’occupe de lui, prétend alors qu’ils s’aimaient en secret avant son accident…

mardi 12 septembre 2023

SOIS BELLE ET TAIS TOI DE DELPHINE SEYRIG

 

LUNDI 18 SEPTEMBRE 2023

20h00 au Six N'étoiles

 

SOIS BELLE ET TAIS TOI 

de Delphine Seyrig

en présence de Toby Gilbert

Collaboratrice de Delphine Seyrig

au doublage et à la traduction du film

 


 

SYNOPSIS :  En 1976, Delphine Seyrig s'entretient avec 23 actrices sur leurs conditions de femmes dans l'industrie cinématographique, leurs rapports avec les producteurs et réalisateurs, les rôles qu'on leur proposent et les liens qu'elles entretiennent avec d'autres comédiennes. Un documentaire culte, qui permet de réaliser ce qui a changé (ou pas).

Actrices interviewées : Jane Fonda, Louise Fletcher, Barbara Steele, Juliet Berto, Anne Wiazemsky, Shirley MacLaine, Maria Schneider, Ellen Burstyn ...


Ce documentaire a été doublé à l'origine par Toby Gilbert qui fait toutes les voix des actrices étrangères.

 

Delphine Seyrig

 





​ Née à Beyrouth en 1932, Delphine Seyrig  est une actrice et réalisatrice.
Héroïne des films d'Alain Resnais (L'année dernière à Marienbad), François Truffaut (Baisers volés), Luis Bunuel ( La voie lactée) , Jacques Demy (Peau d'Ane) et Chantal Akerman (Jeanne Dielman  23 Quai du commerce, 1080 Bruxelles) .

Elle est également l'une des figures du féminisme en France.
Elle meurt en 1990 à l'âge de 58 ans.